Nous avons d’abord traversé le désert, vu quelques chameaux et des dunes oranges qui nous faisaient de l’oeil mais le sable ce n’était pas pour cette fois, au programme, il y avait les rochers du sultanat d’Oman, les montagnes et les forts. Il y a eu la poussière, les cailloux, les sommets arides, les vallées déchirées par l’érosion, le glou-glou des falajs qui courent sous les palmiers-dattiers, les wadis avec leurs trous d’eau fraîche, les galets qui roulent sous les pieds et les petits poissons qui s’enfuient devant nos pas. Il y a eu des forteresses ancestrales, les murs couleur de terre qui rougissent au couchant, le labyrinthe des pièces dans lequel se perdre, des créneaux qui regardent paisiblement les oasis, des coussins multicolores et des coffres cloutés sur les tapis usés, des armes tranchantes qui parlent d’un passé guerrier et des interstices pour faire couler du jus de datte bouillant sur les assaillants. Il y a eu aussi quelques mots d’arabe échangés, des brochettes offertes avec gentillesse sur le bord d’un wadi accueillant, les sourires des enfants qui se moquent en souriant de mes efforts pour me présenter en arabe (oui, oui, en arabe), les dattes achetées au marché et les douceurs omanaises au miel qui réconfortent après un effort physique. Il y a eu des litres d’eau bus, de la vache qui rit sur du pain arabe, des pommes dont les trognons finissaient par nourrir les chèvres qui traînaient par là et une absence totale de rigueur diététique dans la composition des pique-niques. Il y a eu aussi de la ville, mais pas trop parce qu’il y avait beaucoup de monde. Il y a eu du off-road et du bitume avalés, des photos happées au vol de la voiture et aussi des belles promenades à pied, des baignades dans des trous d’eau et des marches le long des falajs…
Une fois n’est pas coutune, le récit en photos pour vous résumer notre séjour et notre parcours.
Jour 1 : trajet Dubai-Hatta- Muscat. Visite de Mutrah et la Corniche. Visite de Muscat.
Mutrah et sa corniche, Eid oblige, étaient noires de monde, rien que l’idée de visiter le souk de Mutrah, inratable soi-disant, me donnait des palpitations d’agoraphobie. Heureusement c’était nettement plus paisible dans la zone du vieux Muscat et du palais du Sultan… Pas de quoi néanmoins casser sa bosse à un dromadaire…
Jour 2 : boucle Nakkhal-Ar Rustaq avec fort et wadis au programme ! Un wadi est en fait une rivière dont le lit n’est pas toujours rempli d’eau. Les wadi sont donc explorables (lorsqu’il fait beau) à pied ou en 4×4 selon les cas et de votre condition cardiaque.
Mon nouveau meilleur ami s’appelle « Oman Off-Road », c’est LA bible du off-road pour qui va à Oman avec 26 trajets détaillés dans tout le pays… Notre premier Wadi est le Wadi Al Abyad. Il a l’heureuse caractéristique d’être large sur sa plus grande partie et sa spécificité off-road est la conduite dans les trous d’eau (sans profondeur évidemment) dont le fond est fait de petits galets. Fait non négligeable pour motiver des mouflets râleurs, les trous d’eaux sont assez grands pour s’y baigner !
Après le wadi Al Abyad, nous empruntons le Wadi Bani Karus et Al Hijayr. De wadi, il n’a que le nom car la route est goudronnée tout du long ce qui permet d’accéder sans encombre et surtout rapidement à As Suwayh où nous explorons, guidés par un petit jeune du village, une gorge étroite dans laquelle nous escaladons des rochers, grimpons, crapahutons, presque oppressés par l’exiguité du lieu pour enfin arriver à l’eau qui n’est finalement jamais bien loin dans ce pays. Après la balade, passage rapide par Ar Rustaq mais le fort était fermé avant le retour à Muscat.
Jour 3 : De Muscat à Nizwa.
Nous commençons par la grande Mosquée Sultan Qaboos à Muscat, impressionnante par la taille de sa salle de prière et comme souvent dans ce type d’édifice par le graphisme des lignes. Ne pas hésiter à y aller tôt pour faire les photos sans les touristes amenés par les tours-operators…
Après l’architexture islamique, nous partons à l’assaut d’un nouveau wadi, le Wadi Qari, qui ne peut se découvrir qu’à pied. C’est une gorge encombrée de rochers dans laquelle circule un falaj, le système d’irrigation traditionnel. C’est ce petit aqueduc que nous suivrons, accrochés aux parois du wadi jusqu’à ce que la faim et la découverte concommittente d’un arbre et donc d’ombre nous amène à décréter l’heure du déjeuner arrivée sous le regard des chèvres qui guettent les restes !
Nous abandonnons notre petit wadi tranquille à regret et faisons route vers Nizwa et son fort.
Jour 4 : Nizwa et THE mountain !
J’avais mûrement pensé l’organisation du tour afin de pouvoir être à Niwza, le vendredi matin, jour du souk du bétail, une attraction à ne pas manquer… Certes, sauf que l’Eid était passé par là, qu’il ne devait plus rester une chèvre dans le coin et que de souk du bétail il n’y avait point ! Nous nous sommes contentés des bien trop calmes souks des poteries et de l’alimentation.
Nous avons pris la route pour nous rendre à Jebel Shams, le plus haut sommet d’Oman et au passage, nous avons décidé de rendre visite à la Gorge de Nakhur (Wadi an Nakhur Gorge) qui se trouve au pied de Jebel Shams, 1000 m en contrebas… Pour du off-road, ce fut du off-road avec une piste accidentée qui se perdait dans les trous d’eaux, serpentait entre les rochers et dont l’étroitesse ne permettait pas souvent de croiser un autre véhicule. Secoués mais ébahis, nous avons adoré le spectacle des murailles impressionnantes au dessus de nous, ces pierres qui dessinaient le chemin et ce paysage minéral qui nous a fait nous sentir tout petits…
Un petit trou d’eau, une baignade pour les enfants et nous faisons demi-tour pour cette fois-ci gagner les sommets. La route jusqu’à Jebel Shams est goudronnée quasi tout du long sauf une portion de piste de quelques km de long. Ce n’est pas le sommet en lui-même qui nous intéressait mais ce que les guides touristiques nomment le Grand Canyon. En général, ce genre de superlatif est à prendre avec précaution mais, dans ce cas précis, c’est EPOUSTOUFLANT ! Un grand plateau domine une déchirure de 1000 m de dénivelé, des vallées creusées par des rivières, des palmeraies minuscules au fond, dans la couleur chaude du couchant, un spectacle absolument magnifique que la photo ne rend absolument pas d’ailleurs car c’est trop grand ! Alors que la nuit tombe nous revenons sur nos pas et atteignons Misfat Al Abryin où nous passons la nuit dans une chambre d’hôte.
Jour 5 : Misfat Al Abryin – Jabrin Fort – route Jabrin – Al Ain – Dubai.
Au réveil, nous découvrons un village accroché aux parois de la vallée, les palmiers qui poussent sur des terrasses et les falajs qui s’enchevêtrent au pied des maisons. Absolument charmant et dépaysant, nous avons l’impression d’être au bout du monde.
Un dernier fort sur la route, ce sera celui de Jabrin, un peu different des forts précédents et fort (!) sympathique avant de reprendre la route pour Dubai.
Les photos sont sublimes!
Merci !
Beau reportage, il plairait à David Lean…
Tres belles photos et commentaires. Cela donne envie de suivre tes pas…que nous allons faire.. sous peu….
Avec tout cela, tu savais toi que le lait de dromadaire est sale! Mais bon les chocolats au lait de dromadaire ne les rendent pas si exotiques que cela pour autant.