Depuis l’avion déjà, j’avais vu la couleur du désert changer, le rouge-orangé du sable du désert de la péninsule arabique avait progressivement commencé à se strier de routes et de pistes, cicatrices rectilignes plus ou moins bétonnées dans cette immensité aride et quasi-plate. Au bord de ces routes, quelques bâtiments d’abord modestes ont fait leur apparition, en général aux carrefours de ces voies qui ne semblaient pas mener bien loin. Les bicoques ont ensuite laissé la place à d’immenses propriétés dont on distinguait les palmiers et les gazons, parcelles de vert perdues dans le sable. Puis les compounds et la répétitivité de leurs motifs architecturaux ont remplacé les palais des sheiks avant de perdre la partie devant les aires résidentielles et les immeubles du centre de Dubai, dominés par l’étincelante Burj Khalifa. Ici la couleur de l’environnement était différente, le chaud orange avait laissé la place à un beige clair, tirant sur le jaune, éblouissant pour les yeux et c’est là que je l’ai repérée celle-là. Oh, dès le début, j’ai bien vu qu’on n’allait pas bien s’entendre et que, non vraiment, ce ne serait pas ma copine. Elle était hyper voyante, omniprésente, dans le genre m’as-tu-vu sans-gêne. Elle se la ramenait tant qu’elle pouvait : ma chambre, mon salon, ma cuisine, les marches de mon perron, la terrasse, les arbres, la corde à linge, les fenêtres…, elle s’était tout approprié sans demander la permission et il a fallu mettre les choses au clair de façon assez brutale. JE NE VEUX PAS DE TOI CHEZ MOI, lui ai-je dit avec beaucoup de tact, un chiffon à la main, l’aspirateur en embuscade comme soutien… Elle a ricané, m’a concédé le terrain pour cette fois et m’a dit avec un sourire narquois : « je prendrai ma revanche à la prochaine tempête de sable, tu verras ! »… Poussière, poussière, poussière, la guerre ne fait que commencer !
Et ce n’est que le début 😉 vivre au moyen Orient c’est le risque de virer cleanaholics 😀
Lyvia, expat à Riyadh, boring city