Hydra est l’une des îles du Golfe Saronique. Elle combine deux avantages : la proximité avec Athènes (environ 2h ou 2h30 de bateau) et l’absence totale de véhicules à moteur, exception faite du camion poubelle. C’est une petite île que l’on parcourt sans problème à pied en prenant le temps d’y goûter la douceur de vivre et pour les plus fainéants, des ânes attendent patiemment sur le quai les touristes qui seraient rebutés par les marches ou les montées du village. Nous y avons mis le pied en famille pour la première fois mi-avril à l’occasion de l‘Hydra-Trail auquel, folle que je suis, je participais.
Très investi dans son rôle de soutien moral, le Mâle a suivi un plan d’entraînement très rigoureux et exigeant, partagé par d’autres congénères du même type :
- repérage stratégique du terrain (identification du café où prendre le petit déjeuner ; celui sur le port, sous le clocher et en face des bateaux de pêche ; du restaurant où déjeuner, celui à côté de l’église).
- renforcement musculaire par un exercice ciblé sur les membres inférieurs pour se rendre au sus-dit café ou à la taverne.
- nutrition adaptée en fonction de l’heure et des efforts fournis au préalable (café, gaufre, miel, hortas, sardines grillées…)
- récupération par adaptation de la posture à l’ergonomie du lieu (fauteuils moelleux).
- cohésion de groupe : gélocalisation des enfants placés en condition d’indépendance et d’autonomie. Contrôle des pertes éventuelles (100% des effectifs sont revenus sur le continent, le Mâle a donc été particulièrement performant).
- cardio-training par translation continue du corps en bipédie contrôlée jusqu’à un nouveau spot d’entraînement (le café au fond du port en gauche, la taverne sous la glycine…).
- hydratation pour contrer toute perte d’électrolytes (freddo, beaucoup).
- formation continue de coach sportif débutant polyglotte (applaudissements à intervalles réguliers des athlètes et encouragements en français, grec ou anglais…)
- travail au seuil avec poids aux chevilles (balade au monastère avec un ado râleur ou dans les marches du village avec athlète courbaturée).
- récupération ciblée par ingestion de boissons énergisantes (apéro) puis de plats équilibrés (pizzas).
Il est revenu en pleine forme et enchanté de son week-end, comme toute la famille d’ailleurs après avoir fait toutes les photos qui illustrent ce billet (le Mâle aime bien que je cite mes sources) pour vous donner envie de voir plus loin que le bout des Cyclades.
Hydra, c’est d’abord un port croquignolet où nous avons eu la chance de voir, en fin d’après-midi, un phoque s’ébattre gaiement dans l’eau bien fraîche de ce mois d’avril. Le village s’étale avec ses ruelles en pentes, ses fleurs, ses maisons blanches et ses innombrables marches sur les pentes de la montagne qui surplombe le port. Rien à y voir ou plutôt tout ! Il faut emprunter chaque ruelle au hasard d’une porte charmante, du graphisme d’une ombre ou d’un bougainvillée rose. S’éloigner du port, se laisser envahir par le calme et le bruit de nos pas sur les dalles des chemins. De temps à autre, un clocher nous rappelle à l’ordre mais quel ordre ? Grimper pour voir le monde d’un peu plus haut, déranger un chien peureux et remplir ses yeux du bleu de la mer cristalline à nos pieds. S’assoir là-haut, dans le vent, les yeux plissés par le soleil, les cheveux dans les yeux. Repérer les maisons qui se lovent sur les pentes, les prairies un peu en arrière avec les couleurs acidulées du printemps, la chapelle au milieu de l’eau et l’écume de ce bateau qui part vers un autre ailleurs. Redescendre vers le tumulte, caresser un chat sympathique et faire attention de ne pas glisser sur les marches irrégulières. Assez parlé de civilisation, il reste la montagne, les pentes abruptes, la dureté des pierres du chemin adoucie par les coquelicots qui en rougissent les abords. Un pied après l’autre, le salut est presque là, il n’y a pas que les trailers qui ont mal aux cuisses, le souffle est un peu court mais le monastère est juste là avec sa vue imprenable. En bas, le village minuscule, le port comme un jouet, la montagne qui plonge dans la mer, longée par une promenade enchanteresse que l’on emprunte sans but jusqu’à plus soif de pas . Pas de route, juste des chemins que la nature avale dans les effluves de ses buissons de thym et de romarin pour parcourir l’île. Le bleu, le vert, le blanc, la possibilité d’une île, encore et toujours.