Des nuages bourgeonnant au loin, un vent frais et les bas-côtés qui disparaissaient sous une eau à la couleur douteuse, le paysage de notre quotidien a changé radicalement ce week-end après un épisode de pluie un peu exceptionnel ici de par sa violence. Au hasard des rues pas conçues pour permettre un écoulement aisé de l’eau, j’ai souri à voir des enfants qui, sous le regard des mamans, avaient pris leurs vélos juste pour rouler dans les flaques et le plaisir simple de faire des éclaboussures, si rare ici. Les voitures en général rutilantes avaient grise mine, la carosserie maculée de traînées d’eau et de poussière et la pluie a dû faire le bonheur des laveurs de voiture dès dimanche et le retour d’un temps plus clément.
La pluie nous a retenus prisonniers à Dubai, coincés entre les murs de la maison comme plombés par ce ciel bas qui nous ramenait dans une réelle sensation d’automne avec des envies de chataîgnes grillées et de sous-bois humide. A défaut, ce fut la plage en fin d’après-midi, juste pour une balade, la baignade aurait été bien trop vivifiante. Le sable était froid et dur de la pluie tombée, le vent nous décoiffait et les nuages défilaient plus ou moins menaçants avec une promesse finalement non réalisée d’averses. Nos enfants couraient pieds-nus et la chasse aux coquillages renouvelés par les flots agités fut bonne. Derrière nous, la silhouette de Burj El Arab assombrie par les nuages et face à nous Burj Khalifa dont tantôt le sommet disparaissait dans les nuées, tantôt le corps se mettait à briller dans un rayon de soleil. Malgré les abayas en goguette et les kite-surfs, cette plage sous ce temps mitigé m’a ramenée des années en arrière, sur les bords de la Manche, sur les grandes plages normandes sur lesquelles nous nous promenions emmitouflés, les yeux larmoyants à cause du vent. Evidemment, il ne faisait pas si froid mais la lumière, cette lumière qui criait « prends-moi en photo pour te souvenir »… La lumière était pure, fraîche, oui fraîche comme lavée par les pluies, filtrée par les nuages, comme purifiée de la pesante chaleur estivale, comme l’annonce scintillante d’une nouvelle saison et de jours différents…
Sylvie a quand un livre!
Ah le problème de l’inspiration…. 😉