7h05: les enfants embarquent pour le bus. Je range la cuisine, vide puis remplis le lave-vaisselle (ma vie est passionnante). Je constate que notre gecko, faisant la honte de toute son espèce et malgré un embonpoint peu seyant, n’a visiblement pas mis les fourmis à son menu. J’extermine sans pitié et à coup vengeur de tongs les impudents et néanmoins imprudents insectes qui tentent de faucher quelques miettes de pain.
7h15 : j’enfile ma tenue de running ou plutôt ce qui peut en tenir lieu car la maid n’est toujours au point sur le planning des lessives. Je prends ma casquette, très important la casquette, mes écouteurs et je cherche en pestant pendant 10 min ma montre-chrono que je n’ai pas rangée mais qui se trouve, comme le dit le Mâle avec un soupir désabusé, « comme d’habitude, à côté du lavabo ». Je descends les escaliers d’un pas énergique puis je remonte dans la foulée les escaliers. Non ce n’est pas pour m’échauffer, j’ai juste oublié mes chaussettes.
7h25 : je remplis ma gourde et j’enfile mes chaussures, toujours celles avec les lacets avec les coeurs car j’aime la sobriété.
7h30 : dehors, assise sur les marches, j’enfonce les écouteurs dans mes oreilles, cherche dans le menu de mon téléphone des podcasts le fichier élu et mets en route l’appli qui me permettra de mesurer la distance parcourue et finira de me convaincre que, franchement, je pourrais faire un effort de plus.
7h35 : cette c%*&^$#@ de GPS ne veut pas se déclencher et impossible de retrouver dans le menu de l’appli le programme établi pour (mouaaaahaaahhahhh) tenter de passer en dessous de la barre des 55 min pour le 10 km.
7h45 : le Mâle passe à côté de moi qui suis toujours en train de maudire le GPS, l’appli et leurs concepteurs sur plusieurs générations. Il me demande ce que je fais encore là « Tu devais pas aller courir ? ». Au lieu de le mettre dans le même sac que le GPS et l’appli, je réponds dignement que je suis en phase de préparation mentale.
7h50 : Tant pis pour le GPS, je positive en me donnant un objectif de durée à la place, entre 40 et 50 min mais mollo quand même, ce serait bête que je me fasse un claquage.
7h51 : je pars d’une foulée alerte (si, si, alerte la foulée). Les ouvriers du chantier voisin me regardent passer en souriant, certainement un encouragement muet voire admiratif de mon engagement sportif.
7h52 : purée, il fait chaud ce matin !
7h53 : purée, il fait vraiment chaud ce matin, j’abandonne l’idée de courir sur la plage et je rase les murs pour trouver de l’ombre en essayant d’éviter les palmes très agressives des palmiers. Ça fait marrer les jardiniers qui arrosent les pelouses des villas. Oui, j’ai un public, c’est la rançon de la gloire.
7h54 : j’ai mal aux jambes, j’ai bu la moitié de mon eau. Ça fait longtemps que je cours non ?
7h55 : « 5 min, 0 km » m’annonce fièrement l’appli que j’ai oublié d’arrêter et dont le GPS ne marche donc toujours pas. J’envisage de pleurer de détresse mais je n’ai plus assez d’eau dans le corps pour cela, elle est toute partie en sueur…
7h57 : purée, il fait vraiment très chaud ce matin.
8h00 : je me demande si cette route n’aurait pas été subrepticement inclinée en un perfide faux-plat pendant la nuit car sinon comment expliquer que mes enjambées ne me fassent pas avancer plus vite.
8h01 : je suis sûre que je suis en train de faire un AVC du cuissot, je souffre atrocement. Je me convaincs de poursuivre au cas où l’AVC aurait un effet cellulolytique sur mes adipocytes. « 10 min, 0 km » me dit l’ingrate appli…
8h02 : un chien en goguette pousse un glapissement de frayeur en me voyant me traîner passer, écarlate et dégoulinante devant son museau.
8h03 : forcément avec mon AVC, je vais beaucoup moins vite. Une mamie nonagénaire me double…
8h04 : eu égard à mon AVC du cuissot et pour ne pas compromettre de futures performances sportives de haut niveau, je pense qu’il faut que je préserve mon potentiel et mon corps. En vrai, ça veut dire que je marche…
8h05 : je marche, mon AVC est instantanément résorbé. Y aurait-il un lien de cause à effet ? Pourtant toujours prompte à mettre en oeuvre un raisonnement scientifique et à vérifier une hypothèse, je décide de ne pas tenter le diable et je ne recommence surtout pas à courir. Je marche, je marche, oui mais avec des chaussures de running donc ça compte aussi.
8h25 : purée, même au pas, il fait vraiment chaud. Et elle est où l’ombre ?
8h31 : j’atteins enfin le bercail. « 40 min, 1,32 km » me dit l’appli. Ta g*** lui réponds-je en l’éteignant. Perfide et rancunière, elle ajoute alors « vitesse moyenne 2,43 km/h »… Je crois que c’est clair, le footing ne fait pas bon ménage avec l’arrivée de l’été dubaiote…
Comme tu m’as fais rire !!! C’est clair que courir quand il fait chaud, faut être motivée !
La motivation fond comme neige au soleil ici et avec la température, ça va très vite !
Je peux te dire que ton récit m’a beaucoup fait rire !
Ce style inimitable 😉
Ca m’est déjà arrivée de commencer mon footing avec un point de côté. Le truc improbable ! J’étais super énervée, mais bien décidée à continuer malgré tout. Sauf que ce foutu point de côté n’est jamais parti. J’ai donc fini par renoncer. J’étais vraiment en rage lorsque je suis rentrée. Toute cette motivation pour finalement rien du tout, c’est trop injuste… 🙂
Bisous !
Caro
Le footing, comme beaucoup de sports, c’est d’abord se convaincre que c’est bien et agréable de le faire… Bon, ben parfois, on n’est pas assez persuasive avec notre corps ! Quel ingrat (s?) alors qu’on le nourrit que de bonnes choses (saucisson, tiramisu etc..)…
MDR!!!!!!ça fait du bien de rire…
Nan mais…je me retrouve complétement dans ton récit…sauf que moi,chaleur ou pas…la course a pied…rien que d’y penser…je meurs sur place.Un jour,j’ai tenté..mon mari me demande,(vu ma tête rouge écarlate,et la sueur…si si ..)jusqu’où j’ai été courir…..bah…jusqu’au rond point…qui doit être approximativement,à 300m….depuis ce jour,j’ai décidé de ne plus tenter!!Chacun son truc,et c’est pas le mien.
Les maris n’ont aucune psychologie féminine, il faut le savoir ! Quant au choix du sport, il reste bien évidemment un challenge personnel.. Le footing c’est ce que j’ai trouvé de plus flexible et pratique : on a toujours ses jambes, des baskets et une route pour courir dessus alors je me force !!!! PS : j’aime pas ça non plus, sauf quand ça s’arrête !
Si seulement j’avais la moitié de ta volonté !