Depuis 2008, le Ghaf (Prosopis cineraria) est désigné comme l’arbre national des Emirats Arabes Unis. Gare à celui qui oserait le couper et, au cas où un projet immobilier ou routier menacerait l’intégrité d’un individu, celui-ci devrait être contourné ou transplanté. Pourquoi un tel engouement pour cet arbre pour lequel des campagnes de reforestation sont régulièrement entreprises ? Parce qu’il y a tout à y gagner à prendre soin de lui et le coiffer dans le sens des feuilles !
De la famille des mimosas, sobre, résistant, le ghaf vit dans les zones arides et sèches et est une espèce indigène de la Péninsule Arabique, du Pakistan ou bien encore de l’Inde. Cet arbre est un garde-manger naturel. En effet, il possède un joli feuillage ajouré qui peut servir de fourrage aux chameaux qui, en guise de remerciement, lui taillent une jolie coupe au bol à hauteur de tête de camellidés, très caractéristique de cet arbre dans les zones d’élevage. De plus, ses fruits, de longues gousses, fournissent aux animaux sauvages comme d’élevage une source alimentaire importante. Avec sa taille pouvant atteindre plus de 10 de haut, il est une rare opportunité, en plein désert de sable ou dans les wadis asséchés d’une ombre, recherchée par les hommes comme les animaux. Il offre le gîte ou le couvert à de nombreux insectes, lézards ou oiseaux. Par le passé, son bois était utilisé pour la construction, pour fabriquer des outils agricoles, comme bois de chauffage ou afin de fabriquer du charbon ce qui lui a d’ailleurs donné son nom (cineraria). Rien de perdu dans le tronc car son écorce pouvait également servir de remède pour soigner les rhumatismes ou lutter contre les piqûres de scorpion.
Sa résistance à la sécheresse s’explique notamment par sa capacité à plonger ses racines jusqu’à 30 m de profondeur. Le grand développement de son système racinaire permet de fixer et maintenir le sol et les dunes. Du chameau, il partage la qualité de ne nécessiter qu’une faible quantité d’eau (10L/jour) pour rester vert, là où les palmiers, beaucoup plus assoiffés, en requièrent 180L ! De plus, comme les autres Fabacées telle la luzerne, ses racines abritent des bactéries symbiotiques capables de capter l’azote atmosphérique et de le rendre disponible pour d’autres végétaux, améliorant ainsi la fertilité du sol ce qui en fait un compagnon idéal pour des cultures associées.
Patrimoine historique, combattant anti-désertification, auxiliaire écologique et biologique, le ghaf, le modeste mais néanmoins multi-tâches, mérite son titre de National Tree et, espérons-le, continuera longtemps à verdir le désert.