C’est la rentrée

Je n’aime pas me presser et l’idée de sauter dans l’avion, les cartables à peine posés dans l’entrée le dernier jour d’école, me déplaît au plus haut point. Que sont quelques heures, voire quelques jours de plus dans ce pays d’accueil quand on voit la longueur des vacances des enfants  et la pluie et le froid qui invariablement veulent aussi profiter de l’été français. Telle une fourmi industrieuse, je m’étais dit que cela me laisserait le temps d’anticiper la rentrée et notamment celle des enfants. Carref*** serait désert comme une dune privée de ses chameaux et à moi les feuilles à grands carreaux et les cahiers 24×32, sans avoir à piétiner 4 enfants et bousculer 4 mères. Les uniformes m’attendraient sagement dans leur boutique toute neuve et là encore, je n’aurais pas besoin de défendre le territoire de la cabine d’essayage face à des hordes de mères décolorées, dégainant plus vite l’iPho** et le sac Vuitt**, que les préceptes basiques de l’éducation. Finaude, je m’étais dit que ramadan aidant, les malls et autres lieux de perdition commerciale seraient déserts et à moi tout entier… Sauf que… Sauf que… Sauf que les rayons de Carrefour sont restés désespérément vides, à peine quelques tubes de colle pour remplir ma besace, pas l’ombre d’une feuille double et encore moins d’un grand cahier. J’ai dû remiser par devers moi ma liste de fournitures scolaires, si désespérée que je n’ai même pas frémi d’horreur en achetant le plastique auto-collant qui allait me servir à couvrir un nombre incalculable de livres scolaires dans les jours à venir. Sauf que le magasin d’uniformes n’avait pas été livré et que, “bien sûr, vous pouvez venir essayer mais on ne prend aucune commande dont il faudra revenir en août de toute façon”. J’ai envisagé de me couper les veines à l’ardoise blanche mais j’ai dû renoncer, cela aurait pu l’abîmer et c’était la dernière chez Carref***.  Libérée de ces contraintes scolaires, je pouvais alors vaquer à des occupations futiles et peut-être envisager de me racheter un maillot de bain pour remplacer des vieilleries usées par le climat tropical, une manière optimiste de me convaincre que, peut-être cette année, je me baignerai dans le Lac d’Annecy… Sauf que c’était Ramadan, que tous les magasins tournaient au ralenti selon des horaires incongrus et pas du tout alignés, que les restaurant n’étaient pas ouverts pour rompre la monotonie des déjeuners à la maison… Alors je suis restée à la maison, les enfants ont pratiqué l’ennui dès leur retour du stage de théâtre, et nous avons attendu, au son des prières et la sueur au front, que l’heure de l’avion vers le bercail sonne… Comme prévu, je n’ai pas eu besoin de mon maillot en France mais j’ai rentabilisé mon jean et mon pull. Il a fait frais, trop frais et le temps a teinté de gris la plupart de nos ciels. Quand il a fallu rentrer, l’idée de retrouver nos calories outrancières nous faisait même plaisir… Celle de balayer les rayons Rentrée scolaire et Uniformes, beaucoup moins… Comme quoi, être prévoyant n’est pas toujours payant… Bonne rentrée !

Cet article a 5 commentaires

  1. Valentine la voisine

    Vais suivre ton conseil et continuer à ne rien anticiper 😉

    1. Mots d'ici et d'ailleurs

      Ça a du bon la procrastination parfois, c’est vrai

  2. Sophia

    Bon retour chez vous et heureuse de te relire ! Toujours aussi drôle tes textes.

  3. tatie des iles

    Pendant tout le mois d’aout j’ai du faire une cure désintox de mots d’ici et d’ailleurs, j’ai pesté sur la grandeur du pacifique, sur ces politiques qui se mettent l’argent dans la poche au lieu de mettre dans les iles, sur ce foutu câble réparé à grands frais récemment entre Tahiti et Hawaii, sur le début si plat, bref toutes les peines du monde à aller sur ton blog qui me tire de l’ennui quotidien et ce matin au bout du 10em essai me voilà connectée pour m’apercevoir que le blog était lui aussi en vacances et que je n’avais donc rien raté. Toutes mes excuses à l’océan, aux politiques, au bateau-câblier, pour toutes ces vilaines pensées mais pas au débit toujours aussi bas que le v précédemment incriminé. Heureuse de te pouvoir te lire à nouveau. Aujourd’hui poisson cru dedans et pluie dehors. Heureusement que tu es là.

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