La Crète c’était comment ? #1

Le Mâle a dû un peu batailler parce que, à moi, cela ne disait rien. La Crête, je l’imaginais comme un déversoir à bateaux de touristes, casquettes sur la tête et banane autour du ventre avec des hôtels, des plages et des magnets « I love Crete » à coller sur le frigo puis c’est tout. Pour moi, c’était quasiment un pays étranger alors que c’est simplement la plus grande île de Grèce. Comme j’avais la flemme de trouver une autre destination, j’ai dit OK. J’ai repris la casquette d’agent de voyage et forte de mes expériences de voyages à partir de pays farfelus (Singapour, Dubaï), j’ai pensé « avion » puis j’ai regardé les prix et j’ai dit « bateau ». Le Mâle a commencé à ronchonner sur des questions nébuleuses de confort (une cabine, on peut y dormir non ?) et de durée (9h de traversée pendant la nuit, on peut dormir non ?) mais, outre son prix attractif, le bateau nous permettait de transporter notre propre bolide et donc de nous affranchir du prix d’une location (indispensable) de voiture. Le Mâle a fait un rapide calcul du montant économisé en équivalent de litres de vin crétois d’huile d’olive et de douzaines d’escargots. Il a dit OK.

Jour-1 : nous partons du Port du Pirée qui, heureusement, n’a eu la bonne idée de se trouver en grève seulement après notre retour. Il est 21h, nous avons pris nos sandwiches que nous mangeons sur le pont, environné de fumeurs qui fument (beaucoup) et de chiens qui aboient (beaucoup). Une pensée me turlupine alors : où tous ces chiens vont-ils faire leurs besoins pendant le trajet ? Bref, nous préférons leur abandonner les lieux et regagnons le calme de nos cabines.

Agia Triada Monastery
Agia Triada Monastery

Jour 1 – Akrotiri Peninsula – Chania : nous atteignons les côtes crétoises à 6h00. Nous cherchons de quoi acheter le petit-déjeuner que nous prenons face à la mer en attendant de regagner notre logement dans les environs de Chania. Une fois nos affaires déposées, nous mettons le cap vers la Péninsule d’Akrotiri pour une journée sur le thème des monastères avec en ligne de mire celui d’Agia Triada, l’un des plus fameux exemples d’architecture vénitienne. Le site est délicieux, reposant, fleuri et contient les chats réglementaires. Nous faisons le plein d’huile d’olive avant de continuer vers le monastère de Gouverneto, nettement plus isolé au bout d’une route magnifique qui serpente dans les collines et les oliviers. Plus petit, plus austère qu’Agia Triada Monastery, encore d’architecture vénitienne, il ressemble à une forteresse, ce qu’il était pour protéger les moines de leurs attaquants. À partir de là, nous empruntons le chemin qui part vers la Gorge d’Avlaki. Faisant fi des râleries de la partie adoleschiante de la famille, pourtant soudoyée à coup de « gummy bears », nous visitons la grotte de l’Ours (appelée ainsi en raison de la forme du stalagmite central). À cette étape, la partie adoleschiante de la famille déclare être au bout de sa vie, la partie adulto-dictatoriale l’ignore et nous poursuivons vers le Monastère Katholiko et la grotte de Saint-Jean l’Ermite. Les ruines sont en partie intégrées à la muraille rocheuse et les bâtiments forment un pont au dessus de la gorge. Le lieu est superbe et nous invite à continuer la promenade en direction de la mer que l’on voit, un peu plus loin mais nos estomacs nous rappellent à l’ordre. Curieusement la partie adoleschiante retrouve de la vigueur pour reprendre en sens inverse les nombreuses marches qui nous ramènent à la voiture. Nous déjeunons les pieds dans le sable et après une petite sieste post-prandiale sur le sable, nous regagnons Chania, la mignonne, ses petites rues, ses tavernes et son port dominé par la mosquée.

Balos Lagoon
Balos Lagoon

Jour 2- Balos : pas de monastères aujourd’hui mais la promesse d’un lagon, celui de Balos et sa plage. Short, tee-shirts et serviettes, nous sommes parés… Cap plein ouest puis après 45 min de piste, nous nous garons sur un  parking pour rejoindre à pied le lagon. Le short, sous le vent violent, nous semble plus une si bonne idée que cela et le Mâle retourne dare-dare chercher les pulls pris « juste au cas où ». Une fois correctement vêtus, la balade est nettement plus agréable et nous découvrons une plage de sable blanc et de l’eau turquoise ; nonobstant la température, on se croirait presque sous les tropiques… Une fois le pique-nique avalé, les nuages gagnent un peu trop de terrain et nous leur abandonnons la place pour retourner dans les montagnes. Le Mâle, décidément grottophile, nous mène dans la grotte Agia Sofia, dans la jolie gorge de Topolia qui n’est pas sans rappeler celles du Vercors de mon enfance. Après la rituelle explication sur la différence entre stalagmite et stalagtite, nous partons découvrir le plus vieil olivier du monde (situé à Vouves) et dont l’âge est estimé à 4000 ans : un vieux monsieur bien tortueux mais toujours vert qui produit toujours des olives, impressionnant sans nul doute ! Après cette journée bien remplie, nous rentrons prendre l’apéro sur la plage avant de continuer notre quête de la parfaite Dakos salade.

Rethymnon
Rethymnon

Jour 3 – Rethymnon : sevrés un peu trop brutalement des monastères, nous partons visiter celui de Moni Arkadi, non loin de Rethymnon. Après un déjeuner pris sous les citronniers d’un restaurant au cadre idyllique, nous parcourons les ruelles de la vieille ville et visitons la forteresse. Partout, comme à Chania, il y a des vestiges de la présence turque dont des mosquées dont l’allure tend à surprendre dans ce pays d’églises ! Après la sécheresse de la ville, nous partons découvrir la débauche assourdissante de cascades du village d’Argyroupoli et les ruelles de Lappa. Le soir, nous mettons le cap sur Chania, magnifique au coucher du soleil avec au programme le port et l’ancien quartier turc (il FAUT aller manger au Well of the Turk !).

Palais de Knossos (qu'est-ce que je vous disais...)
Palais de Knossos (qu’est-ce que je vous disais…)

Jour 4 – Heralion / Knossos : avec un ado intoxiqué à la mythologie, nous ne pouvions pas faire l’impasse sur le Palais de Knossos, celui du roi Minos et de la légende du Minotaure dont je vous fais grâce. L’essentiel des pièces trouvées sur le site se trouvent maintenant dans le Musée d’Heraklion que nous avons décidé, après un périple digne d’Ulysse pour parvenir 1) à circuler 2) à se garer, de visiter avant le palais. Le tout est très bien mis en scène. Dès que possible, nous avons fui l’agitation insupportable d’Heraklion pour visiter Knossos dont la restauration est depuis toujours contestée puisque l’un de ses découvreurs, Sir Evans, l’a partiellement « restauré » au début du 20e siècle, avec des ajouts de ciments et autres peintures, donnant au site sa propre interprétation des restes archéologiques et modifiant (très) sensiblement les ruines présentes. Fondamentalement, j’ai été gênée par cette incursion arbitraire et contestable de matériaux même pas nobles dans une splendeur passée. J’ai râlé telle ma partie adoleschiante et personne n’a rechigné à lever le camp pour refaire les 1h30 de route qui nous séparaient de notre logement et de notre prochain plat d’escargots à la crétoise sur lequel le Mâle bavait sans vergogne depuis notre arrivée.

Chania
Chania

suite au prochain numéro…

 

Cette publication a un commentaire

  1. Tatie des iles

    Ah enfin je te retrouve, toujours un plaisir de te lire . Pour les chiens sur le bateau je me suis posée la même question en allant en Sardaigne ah ah

Laisser un commentaire