Pelle ou pioche #2

2018_02_22_KalavrytaLe ski, une grande histoire entre nous… La suite…

Jour 2 : le réveil sonne de façon optimiste à 8h00. Le bruit délicat de la pluie qui se déverse dans les rues de Kalavryta nous offre un peu de rab’ de sommeil, le soleil ne sera pas au rendez-vous. La neige, par contre, elle tombe sur le ski resort. Ne souhaitant pas tester la glissade en ravin  sur neige hellène, le Mâle part donc acheter ses chaînes, une action d’un exotisme torride en Grèce. Une fois en haut, la neige qui a brillé par son absence tout au long de la route a décidé de se déplacer désormais très rapidement et surtout à l’horizontal : en d’autres termes, il y a du blizzard. Je regarde le Mâle (puisqu’il faut bien un responsable) :  » « On est en Grèce c’est ça ? ». Il ne répond rien mais grommelle en attachant les forfaits aux anoraks.Heureusement que le prix est en rapport avec l’ouverutre du domaine skiable, réduit à peau de phoque de chagrin.  Il fait un froid à congeler un pingouin mais  j’ai un pantalon rose vif à rentabiliser, acheté exprès en solde (d’où le rose vif NDLR) alors, dans un élan d’abnégation sinon d’envie, je saute sur mes skis avec enthousiasme, avec passion, avec optimisme. J’abandonne le Mâle avec le petit, prétextant que mon niveau me rend totalement incompétente en terme de pédagogie skiesque et je pars avec les deux grands, censés être plus autonomes. Tire-fesse?  Ouais facile, je me rappelle encore comment faire. Soyons fous, on prend le télé-siège, montée pendant laquelle le vent souffle des rafales glaciales qui  fouettent les joues. Je pleure de froid et aussi mon cache-col que j’ai oublié de prendre. La descente, c’est une bleue ? une rouge ? bah, de toute façon, avec le brouillard, on n’y voit rien alors on y va ! Nous finissons par retrouver le Mâle et le petit aussi enthousiaste que moi sur des skis. Encore quelques montées sur le télésiège, reblizzard, re-nez qui coule, re-mains glacées et re-visage gelé. Rappelez-moi dans quel pays je suis en train de skier ?Je finis par jeter  le gant l’éponge ; concommittament mon petit garçpm, à l’annonce du retour en terres civilisées, revit… Il continue à neiger. Après le pantalon, ce sont donc les chaînes, indispensables à la descente. qui seront rentabilisées, la journée n’aura donc pas été totalement perdue !

Jour 3 : Enfin le soleil brille… « On est en Grèce non, ? » demande le Mâle tout guilleret. Arrivés en haut, je distingue pour la première fois le sommet des pistes et les lunettes de soleil reprennent  toute leur fonction. Telle un manchot bigarré, j’attaque gentiment les pistes, la crème solaire luisant sous le pompon du bonnet. Les grands enfants ont rejoint leurs copains potes (vocabulaire homologué par l’ado millésime 2000). Au jardin de neige, mon petit évite les surfs des neiges  (vocabulaire de gros ringard de parents) snows débutants en attendant les copains qui le (re)motiveront sur la piste. Le Mâle part faire quelques descentes dans la poudreuse sous l’oeil énamouré de son fils qui l’observe depuis le bas en ma compagnie : « Qu’est-ce qu’il est fort Papa, hein? » … Silence maternel…. »hein, il est vachement fort, Papa, dis Maman ? »… Re-silence maternel… »Dis, tu trouves pas qu’il est super fort Papa ? »… « Oui bon, on va pas en faire toute une histoire non plus… » : lui réponds-je, toute en psychologie positive.

Enfin le haut de la station ouvre, un 2e tire-fesse nous tend la perche et nous embarquons pour une petite descente toute sympathique. Juste à côté, la remontée dite des « pioches » ouvre enfin, c’est l’hystérie adolescente devant ce nouvel horizon neigeux. Les petits filent au jardin des neige faire des schuss pendant que les parents testent  cette fameuse remontée qui  offre l’avantage d’amener sur 2 pistes supplémentaires (ajoutées aux 4 précédentes, on observe une augmentation brutale d’un tiers, ce n’est pas rien hein?).

La pioche, soi-disant une spécialité suissse (j’aurais préféré une bonne fondue si vous voulez mon avis), c’est un tire-fesses avec de l’ambition, un tire-fesse qui veut un peu de dignité et un peu de moins de contact avec le fondement des skieurs… Premier essai : réussite totale en solo, la pioche est mon amie. En haut,  c’est la mer que l’on voit au loin, la piste est une autoroute blanche, nous sommes seuls au monde, c’est le bonheur, j’aime le ski, appelez-moi Edgard (Grospiron) ! L’enthousiasme est tel que nous enchaînons sur une deuxième remontée de pioche, cette fois-ci en duo, l’important étant d’être de la même taille pour que les deux côtés de la pioche ne se retrouve pas pour l’un au niveau des omoplates, pour l’autre au niveau des fesses… Re-maîtrise totale mais le brouillard a gagné, d’aucuns nous font remarquer que la mer n’est pas au rendez-vous. Peu m’importe, peu me chaut, ils n’avaient qu’à aller moins vite et ils auraient vu la belle bleue ! Dans la ouate grise, je suis les tenues chamarrées de mes camarades dans leur descente. Elle est presque trop courte cette descente non ? Allez on recommence ? Une petite dernière ? On nous vante la poudreuse de la piste en haut à droite. « Tu verras, c’est génial ! »… »Euh, mais tu es sûr(e) que je suis capable de descendre dans la poudreuse parce que moi ma seule qualification de descente, c’est plutôt au niveau du thé vert ou du vin blanc qu’elle est homologuée…. »  « Mais non ce sera facile, tu vas voir ! »… J’hésite, j’hésite, le Mâle se fait prudemment oublier mais toute à l’enthousiasme des descentes passées, je me laisse entraîner. Jamais deux sans trois, la pioche nous appelle. Les couples sur la pioche sont, par essence, très versatiles, je change de partenaire et là, malgré toute notre expérience et  une similitude (relative) de gabarit, c’est la catastrophe. Au pied de la remontée, dans une superbe chorégraphie improvisée de ski acrobatique, c’est la méga-pelle ! Ma partenaire et moi-même laissons donc notre dignité ainsi qu’un ski et un bâton en bas de la remontée pendant que la pioche poursuit, indifférente à nos tourments, sa montée vers les cimes. Après nous être péniblement relevées, nous parvenons à saisir non sans mal une pioche pour nous hisser en haut de la piste malgré un fou-rire pour le moins handicapant. En haut, c’est le grand paradis blanc et la poudreuse qui nous tend des pièges, tant la visibilité est faible. Heureusement impossible de nous perdre grâce à mon superbe pantalon rose visible à distance. Avec l’élégance, la grâce, la légèreté et la technique qui me caractérise, j’avale de la poudreuse la descente sans même y laisser un genou ou une main. Personne n’ose rire, enfin je crois parce que dans le brouillard, on n’y voit rien…

Bilan : Ski en Grèce

  • Pourcentage de satisfaction ski des enfants et du Mâle proche de 100%
  • Echelle de satisfaction, option raclette : 0 pointé ! Avis au business(wo)men, il y a un créneau à prendre entre le veau mijoté et les côtelettes d’agneau !
  • Intensité fou-rire : maximale surtout niveau pelle.
  • Environnement social : 20/20, compagnie excellente (comme toujours) !

Cet article a 3 commentaires

  1. Bonnet Blanc

    Tu pourrais te fendre d’une photo du pantalon rose quand même, option goût du risque : 100%

    1. Expatographies

      Ma dignité a déjà été bien atteinte par la pioche, le pantalon rose, ça faisait un peu trop… Il faut que je continue encore à vous faire rêver !!

  2. MitoQ

    Aaaaahhhh super jeu de mots et magnifiques photos. Tout est plus beau sous la neige. Et le silence ça cest un truc qui me fascine. Tout devient feutré. Nous cest au réveil que la neige nous a cueilli. Pas loin de 10cm. Cest la première fois en 12 ans que le kéké ne sest pas amusé dans la poudreuse. Ben voilà, il vieillit, comme ses maîtres!

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