Parlons un peu de ζ (zeta) dont la majuscule est Z et qui n’est que la 6e lettre de l’alphabet grec (rassurez-vous, il en reste plein d’autres !). La recherche d’un mot « signifiant » commençant par ζ n’a pas été simple. J’ai regardé le dictionnaire, feuilleté mes cours de grec mais rien ne lançait mon inspiration débridée (ahem…) sur le sujet jusqu’à ce que je tombe sur l’affiche d’un film, français de surcroit : celle de l’Odyssée qui raconte la vie de Cousteau, le bonnet rouge, les poissons, le monde du silence, toutes ces petites choses qui ont bercé mon enfance télévisuelle. Rassurez-vous encore, je ne vais pas vous faire une critique de film puisque je ne l’ai même pas vu. En revanche, l’affiche bien que très sérieuse et tout à fait réussie m’a beaucoup fait rire car c’est l’exemple classique d’hellénisation d’une langue étrangère, c’est-à-dire non pas la traduction mais la simple transcription d’un contenu dans un alphabet différent avec toutes les approximations associées. Notre bien français « Jacques » devient un très approximatif « Zak » (phonétiquement parlant) car la lettre J n’existe pas en grec. « Yves » quant à lui s’en sort honorablement avec « Iβ » ( β se prononçant « v » pour ceux du fond qui m’auraient fait l’affront de ne pas avoir lu la TOTALITE de ce blog) bien que je ne comprenne pas pourquoi en l’occurrence le traducteur n’ait pas utilisé le Y qui existe bien en grec et se prononce aussi « i ». Bref, mettons-cela sur le compte de la licence poétique puisque visiblement le traducteur a visiblement quartier libre pour transcrire ce fameux J comme dans la série des Jason Bourne où Jason n’est pas devenu, à l’instar de notre ami Jacques, Ζαιζον (« Zaizon ») mais Τζειζον (« Tzaizon »). Certainement fatigué d’avoir éreinté ce fichu Jason, le traducteur a, à mon avis, dû un peu lâcher l’affaire pour le nom de famille « Bourne » qui en a perdu en route son « u » pour devenir un simple « Mπορν » (« Born »). Peut-être pas tout à fait sûr de lui sur ce coup-là, le nom est tout de même écrit en tout petit en lettres latines pour ceux dont les yeux piqueraient trop à la lecture. Heureusement pour nous, les films étrangers ici ne sont en général pas doublés (à l’exception des dessins animés) mais sous-titrés ce qui nous permet de les comprendre nettement mieux que leurs affiches !
C’est toujours rigolo les transcriptions quand certains sont n’existent pas dans une langue… On a les mêmes difficultés ici avec le mandarin (pas de « R » notamment, pas mais que… Jacques Chirac est ainsi devenu Yake Chilake en phonétique locale. Jacques visiblement, c’est dur à traduire).
Le pompon c’est évidemment quand ils font un aller-retour de traduction (type : retraduction en anglais d’un sous-titre qu’ils ont pris en chinois au départ. Et là bonne chance pour reconnaître les noms des personnages parce que du coup on se retrouve avec la traduction littérale des caractères qui n’avaient été choisis que pour leur sonorité, et c’est franchement folklorique. Jason Bourne peut ainsi devenir « Exceptionnelle forêt nouvelle né »… Pauvre Jason…).
Effectivement, c’est valable dans toutes les langues ! Pauvre Jason, pas facile pour lui effectivement 🙂
Alors là pour « Jason Bourne » tu es ingrate vis-à-vis du brave traducteur grec :
1. Écoute comme « Τζεϊζον Mπορν » (avec tréma sur le iota s’il vous plaît, comme dans « Ματ Ντεϊμον ») permet de reproduire à la perfection la version originale du nom ! Comme quoi le grec c’est formidable pour parfaire sa prononciation anglaise, mais oui ! Grâce à lui tu ne passeras plus jamais pour une burne en disant « Bourne »…
2. Toi qui t’es débattue dans le temps avec l’alphabet turc, tu te souviendras certainement du mot pour dire « mosquée » : « cami », qui en grec (en Crète notamment, comme tu sais) devient… « τζάμι » ! Donc « τζ » est bien la forme grecque standard pour rendre le [dj]. CQFD.
Bon j’arrête là mes pédanteries…
Face à toi, je ne peux pas lutter 🙂 Ma mauvaise foi ne tient même plus le coup !