Les cimes enneigées, les sapins recouverts de coton froid, les arbres aux mille cristaux, le bonnet décoiffé par le vent de la descente et le vin chaud pour la pause de l’après-midi… Aaaah, pour beaucoup, c’est le rêve de vacances d’hiver mais pour moi, c’est plutôt un cauchemar… La neige, c’est froid, ça mouille, et éventuellement, lorsqu’elle est verglacée, elle a le mauvais goût d’être en plus très dure… Bref, pour faire court et comme je l’avais déjà raconté ici, je n’aime pas le ski, moi la fille qui a passé la plus grande partie de sa vie à moins de 100 km d’une montagne skiable. Et pourtant… Cela a dû se passer comme d’habitude autour d’une table de taverne qu’un amical complot s’est monté. J’ai entendu : « Et si on allait tous ensemble au ski pendant les vacances de février ? ». J’ai soigneusement ignoré cette question pour me concentrer sur mes anchois marinés mais le Mâle, fringant et fervent skieur, s’est jeté, tel un chamois, sur l’occasion. Quelques verres d’ouzo plus tard, mes réticences étant au mieux ignorées et au pire même pas entendues, il était décidé que nous partirions tous faire du ski… en Grèce ! Oui, en Grèce, dans l’une des deux stations les plis proches d’Athènes, à savoir Kalavryta, 2h30 de route, une broutille. On m’a promis du bleu ciel et du blanc neige, de la crème solaire et du ski en tee-shirt, une petite station avec des pistes pour tous les niveaux (entendre « accessible aux enfants petits et aux nuls ») et des ados complètement autonomes. Bref, je me suis laissée entraîner, plus convaincue par les perspectives de repas conviviaux (pourtant sans raclette, ni fondue, les deux principaux attraits d’un séjour à la neige vous en conviendrez) et de rigolade que par d’éventuels exploits sportifs personnels, mon niveau de ski étant aussi spectaculaire que mon désamour pour ce sport.
J’ai bien tenté juste avant le départ de tomber malade mais le Mâle m’a affirmé qu’un rhume n’avait jamais empêché quiconque de prendre un tire-fesses. J’ai timidement objecté que c’était quand même très risqué de se moucher dans cette situation. Le Mâle n’a même pas relevé. J’ai recompté une dernière fois les paires de gants et soigneusement vérifié l’adéquation chaussettes/enfants, en me demandant s’il n’était pas superflu de prendre ces collants à mettre sous les pantalons de ski en cas de froid…On allait skier en Grèce non ?
- – « On a des chaînes au cas où pour monter à la station ? », ai-je timidement demandé au Mâle avant de partir.
- – « N »importe quoi, on est en Grèce, il n’y en aura pas besoin. »
Jour 1 : un peu en avance par rapport au groupe, nous décidons, au lieu d’attendre au village de Kalavryta, de monter voir le ski center, histoire de voir la neige qui pour l’instant a fait cruellement défaut tout le long de la route. Je ricane intérieurement mais j’ai quand même dépensé beaucoup trop d’euros pour des vêtements de ski qu’il a fallu renouveler, entre les outrages que leur avait fait subir la météo équatoriale dans nos placards singapouriens et les augmentations de taille de certains (en hauteur) ou en largeur (pour certaines, je ne citerai pas de nom). Va falloir rentabiliser cet investissement, nom d’une marmotte des neiges !
- – « Dis, c’est normal qu’on ne voit pas de neige sur la montagne ? Et les pistes, tu crois qu’elles sont où les pistes ? » demandai-je innocemment au Mâle dans les lacets qui mènent au ski center.
- – « … » .me répond-il avec un regard torve. Il me semble percevoir dans l’espace pesant de ce silence une injonction à me taire. Je juge plus prudent de m’y conformer. C’est lui qui a réservé l’hôtel, je ne sais même pas où nous allons dormir.
A la première plaque de neige sur le bas-côté, les enfants, ces traîtres, hurlent de joie… Arrivés en haut, de la neige, il y en a, sous nos pieds mais aussi sur nos visages parce que, pour mon baptême neigesque en Grèce, nous sommes pris dans un charmant blizzard et on ne voit pas plus loin que le toit du loueur de skis… Aucun de nos enfants, curieusement, ne réclame à rester pour profiter des flocons et des congères, dignes rejetons de leur maman. Même le Mâle est un peu dépité après avoir pris des renseignements auprès du loueur de ski sur les disponibilités du matériel (pas d’inquiétude, il y en aura plein) et les prévisions météo (bah, on verra demain). Il est 14h, les pistes ferment à 16h, on n’y voit pas plus loin que le bout de la spatule des skis. Nous abandonnons le terrain pour nous replier stratégiquement sur une taverne accueillante au radiateur bouillant où nous attend le reste de la troupe.
- – « C’était comment là-haut ? » .me demande-t-on l’air enthousiaste alors que les marmailles enfantine et adolescente brûlent de se confronter à la neige hellène..
- – « Froid, venteux et brouillardeux » réponds-je de façon factuelle.
Bien évidemment personne ne me croit, Cassandre hivernale que l’on me prête d’être, et les téméraires, alors que Kalavryta dégouline sous les averses diluviennes qui ont suivi notre retour, partent à l’assaut (bis) de la montagne pour permettre aux enfants de toucher la neige. Je décline, ayant eu, croyais-je, ma dose de vent glacé et de neige dans le pompon (du bonnet) pour le week-end.
- – « Tiens, te voilà déjà… » dis-je au Mâle se présentant le poil humide et la truffe coulante, lorsqu’il interrompt brutalement ma préparation physique pré-ski (=sieste) à l’hôtel.
- – « On n’a pas pu monter, il y avait trop de neige, on a fini par faire demi-tour… »
- -« Quel dommage autant de neige, avec des chaînes, vous auriez pu monter non ? » dis-je sur un ton conciliant.
- – « … OUI » me répond-il de façon beaucoup moins amène mais enchaînant avec un sourire narquois : » Mais demain, j’achète des chaînes et on monte ! «
.. To be continued…
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On attend la suite ! Ma pauvre, t’as plus qu’à te réfugier dans l’humour et attendre de pouvoir remettre les doigts de pieds à l’air !
C’est clair que je suis plus tongs que chaussures de ski ! Mais heureusement nous avons quitté ces contrées au rude climat 😉
Vite…La suite Êtes vous restés bloqués plusieurs heures sur un télésiège? Vous à t on forcé à boire des boissons bizarres ? Est ce qu’il y avait rupture de crêpe au sucre ?