Après quelques semaines de présence en sol hellène, par gentillesse ou par politesse, la question revient souvent : « Alors, ça vous plaît Athènes ? ». Difficile de se prononcer à si court terme, telle la paire de chaussures achetée récemment qui donne encore un peu des ampoules mais qui « va se faire » a dit le vendeur, nous sommes encore en phase d’ajustement. La seule certitude c’est qu’il y a du changement par rapport à notre vie « d’avant », comme par exemple…
- la situation économique difficile de la Grèce qui transparaît dans la vie quotidienne des habitants avec la mendicité à chaque feu rouge, les magasins pour certains fermés, pour d’autres mal achalandés, les voitures brinquebalantes. De constater, je suis forcée.
- 4 saisons dont une totalement superflue mais pourtant bien embêtante, l’hiver. Pour me convaincre de venir en Grèce, le Mâle avait omis quelques (lourdes) pages du dossier : « Tu verras, l’hiver sera doux, pas autant qu’à Dubaï mais nettement plus qu’en France ! » Foutaises à la moussaka, balivernes souvlakisées, mensonges à l’ouzo, il fait FROID ! Pas la peine de tourner autour
de la colonne doriquedu pot, le mot est lancé : FROID avec manteau / écharpe / gants / nez qui coule / soupe chaude au dîner (ne rayer aucune mention inutile). Chaque jour, lorsque j’attends la chair de ma chair, c’est la mienne qui frissonne sur le trottoir, les mains glacées en maudissant Eole et Boreas, le pire étant encore à venir car les expérimentés du lieu me promettent de la neige pour le mois de janvier. A me geler, je suis condamnée (pour quelques semaines)… - une garde-robe à revoir, eu égard au point précédent. J’ai remisé, à mon grand désespoir, par devers moi mes robes qui attendent, tristement, dans la pénombre du placard, le retour des beaux jours et j’ai ressorti mes bottes (<3<3<3). Malheureusement, face à mon placard, la dure réalité me frappe chaque matin quand je constate que 5 années de pays chauds, avec la stratégie revendiquée et assumée de ne pas revenir en France pendant la période froide, n’ont pas contribué à me garder au sommet de la tendance mode. Au shopping, je suis condamnée…
- 10 chaussettes par jour alors que 8 des 10 pieds de notre famille vivaient depuis quelques années une vie naturiste dans des tongs ou des sandales… Cette petite constation numérique nous amène tout naturellement à une autre évidence mathématique : l’augmentation exponentielle du linge à laver ! L’équation à 2 inconnues tee-shirt/short a malheureusement été remplacées par celle, nettement plus volumineuse, pull /tee-shirt/pantalon /chaussettes. A la lessive, je suis shootée…
- le plaisir de se déplacer à pied, petit bonheur tout simple pour les habitants des zones tempérées mais si difficile à réaliser sous les températures caniculaires de Dubaï sans déverser des litres de sueur ou fondre sur place. Certes les trottoirs sont parfois minés de déjections canines mais on slalome autant que nécessaire pour atteindre nos objectifs ou simplement flâner, à la grande incompréhension de la Drama Teen qui nous demande régulièrement d’un ton excédé : « Mais à quoi ça sert de se promener ? ». A marcher, je dois la forcer.
- la culture, oh my god, la culture. Après 2 ans de régime sec, on replonge avec délice dans le plaisir de la visite et de la découverte. Dans le planning imaginaire de nos loisirs, les musées, les îles, les temples se bousculent. Il faut donc désormais hiérarchiser les priorités, étudier le climat, y intégrer la variable des incontournables « touristes » que, en tant qu’expatriés, nous essayons de nous persuader que nous ne sommes pas tout à fait (hum hum) et planifier… A organiser, je suis vouée.
- le vert des arbres partout, celui des oliviers, des orangers troués par les taches de couleur des fruits, des pins qui tentent de nous faire croire, les fourbes, que ce n’est pas vraiment l’hiver. Enfin dans un pays qui m’offre de nouvelles perspectives agronomiques, je rêve de visiter des vergers d’oliviers, d’en découvrir la culture et la récolte, d’y écouter les cigales faire leur concert, de faire des dégustations d’huile d’olive. A goûter, je me dévouerai.
J’ai pris plaisir à lire tes premières impressions et je partage ton choc pour la lessive 😉 !!! Ayant vécu 4ans au Gabon sous la ligne de l’équateur ce n’est qu’après un an et demi que nous avons à peu près réussi à faire une garde robe d’hiver!
Je continue à grelotter dans l’incompréhension générale et sous les regards moqueurs de nos connaissances françaises (ou suisses, canadiennes et autres…) ! Personne ne veut croire qu’il fait froid ici !