Voilà, c’est fini. C’était l’été évidemment. J’ai compté, à mon volant, les nombreux kilomètres avalés. J’ai mis du vert plein mes yeux et gravé les montagnes au fond de mon regard pour toujours garder de la hauteur. J’ai fait le plein de campagne et de l’odeur des champs de blé fraîchement moissonnés. J’ai écouté les cloches des vaches, soufflé des fruits de pissenlits dans les champs, fait éclater des silènes sur la main de mon fils, ramassé des mûres, cueilli du thym et du romarin sauvages, planté de la menthe et bu des tisanes de verveine fraîche. J’ai bu trop d’apéros mais pour compenser, j’ai couru, couru souvent, avec parfois comme récompense impromptue la vision fugitive d’un renard qui traverse une prairie ou d’un héron dérangé par ma foulée légère. Il a plu, un tout petit peu, juste ce qu’il faut pour se rappeler que la fraîcheur existe et justifier la présence de pantalons dans la valise. J’ai ramené des choses super importantes comme des calissons choisis de concert et du chocolat à la pâte d’amande, à peine un peu d’utilitaire (agendas pour les enfants) et puis c’est tout, même pas une petite fringue en soldes (que je n’ai pas faites donc forcément…). Les années passant, je reviens plus légère, ma valise quasi-identique à celle du départ, quelques paquets de dattes en moins. De quoi ai-je réellement besoin ? Quel vide aurai-je envie de combler ?
Comme d’habitude, j’ai raconté notre vie dans ce pays avec objectivité, factuellement, sans en rajouter, sans trop expliquer parce que, parfois, notre réalité semble bien trop jolie à ceux qui sont restés. Comme tout le monde, autour d’un verre ou d’un thé, j’ai parlé de mon boulot et de mon quotidien dans lequel il n’y a pas de métro mais juste parfois des chameaux. J’ai parlé de la culture locale, des belles abayas et des jolies barbes au-dessus des gandourahs, des mosquées et des muezzins, de la mer bleue et de ce sable présent à nos portes. J’ai parlé de la chaleur inimaginable et on s’est moqué de moi car j’étais plus blanche qu’un lavabo, habituée à ce que je suis de vivre à l’ombre plutôt qu’aux rayons du soleil. J’ai parlé de ces hivers délicieux et du désert et des montagnes qui s’offrent alors à nous. Et puis,comme d’habitude, on m’a demandé d’envisager mon futur mais pour l’instant, j’ai répondu que je me concentrais sur le présent, c’était déjà suffisamment de boulot ; pour le futur, il faut repasser plus tard !
C’était la fin de l’été en France. Ici, ce ne sont même pas encore les prémisces d’un début d’amorçage de baisse des températures mais au moins le soleil est au rendez-vous : il brille, brille, brille. J’ai retrouvé la lumière crue et les odeurs de ma ville, l’humidité qui rend moite et les bougainvillées assoiffés. J’ai redécouvert la maison, les fourmis qui avaient décidé d’en faire leur territoire et quelques plantes pour lesquelles l’été a été meurtrier. J’ai vidé ma valise, mis le chocolat au frais, laissé la nostalgie de ce pays qui est le mien par intermittence derrière moi et terminé les achats de la rentrée. Ça y est, je suis à Dubai, je suis de retour chez moi.
Bon retour chez vous alors… De mon côté c’est le premier retour en expat’, et pour l’instant je me rends compte que « la maison » de référence c’est encore la France (et que les valises sont pleines à craquer au retour), on verra si c’est encore le cas l’année prochaine 😉
Chacun a sa propre conception du « Home sweet Home » : le lien où l’on vit, celui on a vécu ses plus beaux souvenirs… Mais ça peut changer !
Dis donc la gazelle du désert, c’est très poétique cette rentrée!!!!
Parfois, parfois…