Savane et sélection naturelle

Voici quelques mois, je découvrais un nouvel écosystème scolaire dans lequel, définition écologique oblige, il fallait obligatoirement que je construise des relations pour survivre. Après de premiers échanges virtuels pas tous concluants, j’ai expérimenté en personne la jungle scolaire. Depuis, toujours ouverte à la variété des milieux et on ne peut plus consciente de la nécessaire biodiversité, j’avais plutôt privilégié les échanges à partir du biotope et de la biocénose proche de mon habitat. http://motsdicidailleurs.com/jungle-scolaire-et-pyramide-alimentaire/Qui plus est, celui-ci n’étant pas à proximité de l’école, je limitais mon empreinte carbone et ça, c’est bon pour la planète me rappelle le peu de conscience écologique qu’il me reste. Seulement, parfois, il faut retourner dans l’écosystème à risque pour le bien de ses petits et surtout leur devenir scolaire car c’était la Bourse aux Livres ! Résignée mais optimiste, je gardais en mémoire la douloureuse expérience financière de l’année précédente qui avait consisté à acheter l’intégralité des manuels neufs, faute d’avoir raté la fameuse Bourse aux livres et/ou d’avoir des amis munis d’adolescents de la classe correspondante à notre progéniture. Avec les économies réalisées, je voyais déjà un très bon restaurant avec le Mâle une belle sortie en famille avec quelques chouettes cadeaux pour les enfants mais avant cela, je me mets dans la peau d’une lionne en quête de nourriture pour passer l’épreuve fatidique réussir à acheter le saint Graal, à savoir les livres pour ma fille.  L’environnement est plutôt austère, quelques tables sur lesquelles une feuille indique les niveaux représentés et autour, comme autour d’un point d’eau dans la savane, une horde de chacals qui hurle à la mort et des rhinocéros qui forcent le passage pour boire à la place des autres.  Avec mon physique de musaraigne, je ne suis pas très avantagée et il m’eut fallu être née girafe pour distinguer, d’en haut, qui achète et qui vend quoi. Je décide donc de rebrousser chemin en espérant comprendre le fonctionnement global. Comme moi, d’autres zèbres timides errent entre les îlots, essayant de glaner quelques informations ou de tirer leur épingle du jeu. Avisant un gnou chargé de livres avant qu’il n’atteigne la mare surpeuplée, tel un pique-boeuf affamé, je saute sur l’occasion et lui achète 3 livres. Regonflée à bloc, je repars près de la mare mais même sur le bout des pattes, le suricate que je suis ne peut rien décrocher. Près de là, j’avise un autre point d’eau beaucoup moins agité dont je m’approche.  Les buffles autour sont beaucoup plus calmes et il est même possible de s’entendre et de s’écouter même sans les oreilles ultrasensibles d’un fennec. Mais attention, il faut rester vigilants, des chimpanzés agiles rôdent et mieux vaut avoir la main sur son butin pour éviter de se le faire faucher par plus impressionnant que soi. Enfin comblée, je me résigne à passer côté vendeur pour écouler les quelques ouvrages qu’il me reste. Face aux hyènes qui se jettent sur les acheteurs, arrachant des promesses de vente sous mon nez de gazelle apeurée, je réussis à vendre un manuel avant de jeter l’éponge et de rentrer épuisée chez moi, en sueur, le sac lourd de mon butin et absolument convaincue que l’année prochaine, je n’irai plus dans cet antre de la sélections naturelle… Ou alors, j’y enverrai les enfants, ça s’appelle l’apprentissage de la vie non ?

Cette publication a un commentaire

  1. tatie des iles

    Dubai, ton univers impitoyaable !
    Quelques similitudes avec mon monde, surtout le face à face avec la hyène

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