Expat’, la bataille du quotidien

Attention, ma vie est formidable ! Hier, j’ai voulu faire un achat sur internet (folie quand tu nous tiens !), un truc important du genre tickets de cinéma. Je sais, j’ose des choses incroyables mais j’estimais la prise de risque minime. Je gérais bien le complexe : la CB était prête à côté de moi, le numéro, la date d’expiration, le cryptogramme, tout, je maîtrisais tout. J’effectue mon achat, je rentre les coordonnées bancaires, je relis (oui, je relis, je suis le perfectionnisme) et j’appuie sur OK car je n’ai peur de rien. Apparaît alors un petit écran fourbe me demandant, par raison de sécurité, de décliner ma date de naissance, la couleur de ma petite culotte, le nom de mon arrière grand-père et autres indiscrétions. Je m’étonne mais la sécurité c’est important alors je m’exécute. Et là, patatras, ma transaction est refusée, les données ne satisfaisant par l’imbécile machine. Je recommence, je rentre ma date de naissance (sans tricher), rose pour la couleur de ma culotte et Arsène le nom de mon arrière-grand père… Rien ne marche, les dieux de la banque par internet ne veulent toujours pas que j’emmène ma tribu au cinéma. Saisissant le taureau par les cornes ou pour faire local le chameau par sa bosse, j’attrape mon téléphone pour appeler la banque et leur ordonner demander gentiment de régler fissa sinon ça va saigner ce petit problème d’autorisation. Sous couvert d’un ton aimable et enjoué et d’un souci de sécurité, la demoiselle me fait quasiment repasser le bac sous la forme d’un interrogatoire pour être bien sûre que c’était moi. Au début, trop facile, mon nom, le numéro de ma carte bleue, mon âge (29 ans pourquoi ?), qui est mon Mâle (pas touche hein !) mais à la question 78b-alinéa 42, je cale et le couperet tombe. Le ton change, de primesautier, il devient glaçant : « Vous n’êtes pas le principal titulaire du compte, je ne peux rien faire. » J’insiste gentiment, décline mes ascendants jusqu’à la 18e génération, propose de vendre un organe, parle de la détresse de mes enfants. Tout cela reste sans effet car la dame n’est pas conciliante. J’ai fini par haussé le ton sans aucune réussite avant de raccrocher au nez de celle qui m’avait enjoint de faire appeler mon mari, le seul investi de tous les droits y compris d’autoriser sa femme à utiliser l’argent du ménage et osé me demander en quoi elle pouvait ENCORE m’aider… Certes, cela ne sert à rien d’être désagréable et mon karma est désormais sérieusement compromis mais, j’étais, comme qui dirait,  absolument folle de rage un peu énervée parce que parfois ton statut de femme d’expat’, tu le prends en pleine figure au moment où tu ne t’y attends pas du tout. Comme le dit si bien Delphine, l’expatriation est, pour celui qui suit, souvent un tremplin vers un nouvel avenir, certainement différent de la vie en France mais une opportunité à saisir. Je la rejoins totalement sur cette position et essaie de voir, même les jours un peu moins optimistes, le bon côté de cette aventure pour ma famille mais aussi pour moi, oui, égoïstement pour moi car je ne veux ni ne peux vivre comme une victime sacrifiée sur l’autel des opportunités professionnelles de mon conjoint.  J’ai choisi, en toute conscience, confiance et accord avec le Mâle, de partir avec enfants et bagages vivre une autre vie car j’étais sûre, comme j’en suis toujours persuadée, que cela serait une grande chance pour nous tous et sur de nombreux plans. Une nouvelle carte professionnelle à dessiner et à défendre avec une géographie mouvementée de méandres, de désert et de paysages divers, j’ai dit OK. Une logistique familiale à gérer dans un environnement inconnu et avec des codes parfois déroutants, j’ai dit OK (même s’il fallait ramener les effaceurs et les feuilles à grands carreaux de France). Une vie sociale à recréer avec la grande solitude des débuts (et ce soir, on fait quoi ? ben rien, on n’a pas d’amis…), j’ai dit OK. Une nouvelle culture, j’ai dit OK. Oublier d’être Madame XXX pour devenir principalement la femme de Mr. XXX, j’ai dit OK (en grommelant car je suis un peu féministe, mais j’ai dit OK). Dépendre financièrement, au moins temporairement, de mon conjoint, j’ai dit OK  (en grommelant car je suis un peu féministe, mais j’ai dit OK – bis). J’ai dit OK à tout et j’assume. Je ne veux pas être plainte car j’ai choisi tout cela et je ne voudrais pas le changer. Oui, oui, mais parfois, devant les petits détails de la vie de tous les jours et le rappel de mon statut pas tout à fait équivalent à celui de mon conjoint, j’ai le droit de râler ! 

PS1 : le Mâle a appelé la banque, haussé le ton lui aussi car on voulait que ce soit moi qui appelle ( sans blague ?!) et réglé le problème évidemment. Un Mâle, un vrai, je vous dis <3 <3 <3 !
 
PS2 : L’expatriation est visiblement un sujet qui vous touche et qui vous parle au regard du bond des statistiques du blog avec l’interview de Delphine (dont la notoriété n’est sans doute pas pour rien dans la soudaine mise en avant de mon petit blog, merci Delphine !).  Bienvenue à tous mes nouveaux visiteurs et n’oubliez pas de revenir venir faire un tour. Vous pouvez même vous faciliter la vie en likant la page Facebook, en vous abonnant par e-mail ou en utilisant un agrégateur de flux RSS comme Feedly par exemple qui vous informeront de chaque publication d’article. Et puis moi j’aime vous lire alors laissez-moi des commentaires, j’adore ça !

Cet article a 7 commentaires

  1. merichan

    Ahhh

    Les fameuses tribulations du non mais c’est pas vous le titulaire du compte…

    Bon ceci dit pour rendre à Cesar, en théorie c’est le cas partout, quand tu es pas le titulaire du compte tu n’as pas voie au chapitre sur plein de trucs quel que soit ton pays de résidence.

    Ici le pompon c’était quand j’avais reçu l’avis d’annulation de la carte de crédit X parce qu’on avait du recevoir le remplacement… que le remplacement était jamais arrivé, donc était dans la nature…

    qu’il fallait de toute urgence obtenir son annulation ( et dans un second temps l’émission d’un remplacement) que Superchéri était encore absent pour 3 semaines et difficilement joignable…

    Et que la banque avait besoin de lui parler à LUI pour bloquer les cartes qui faisaient l’école buissonnière…

    Les 2 plus longues heures de ma vie…

    1. Mots d'ici et d'ailleurs

      ou comment un petit truc au départ insignifiant peut bien te pourrir la vie… 😉 mieux vaut en rire ensuite mais sur le moment, ça contrarie bien !

  2. Virginie

    Ah! les cartes de crédit et le titulaire principal, je pourrais en ecrire un roman 😉 Voila des années que j’ai regulierement ce probleme et que rien ni change. Le pire c’est que finalement, la carte de credit, le plus souvent c’est moi qui l’utilise pour faire les courses, payer les factures, … mon mari lui ne s’en sert pas beaucoup!

    1. Mots d'ici et d'ailleurs

      C’est pour ça que la banque est méfiante, tu pourrais bien dilapider l’argent du ménage ! 😉
      D’ailleurs pour remédier à cela, nombre de banques te propose un petit service qui envoie au titulaire du compte (donc ton mari qui a la folie de te faire confiance) un petit sms à chaque dépense effectuée par le « supplementary holder »… Elle est pas belle la vie ?!

  3. tatie des iles

    Et je ne vous dis rien du problème de carte qui vous fait rater la Belle nuit étoilée à l’observatoire de Big Island dont vous rêviez depuis des années. un problème de carte et pfft plus de tête dans les étoiles et une polaire qu’on transporte depuis Paris via bora bora pour rien

  4. Mots d'ici et d'ailleurs

    ★★★★★ je t’en envoie moi des étoiles ★★★★★★★ Biz !!!

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