J – 12 mois : « Vous voulez pas venir à Hydra ? Il y a une course mais on peut aussi traîner sur le port en buvant des cafés, c’est super sympa ! » Je fais bien confirmer que la participation à la course n’est pas un pré-requis mais manque d’organisation et/ou de pot, nous ratons l’événement. Nous voyons passer sur les réseaux sociaux des photos de ciel bleu, de mer et de montagne absolument magnifiques.
J – 10 mois : il faudrait que j’envisage sérieusement un programme d’entraînement pour le running mais là, c’est difficile parce que j’ai plage et puis après j’ai poulpe grillé, les pieds (les miens, pas ceux du poulpe) dans le sable. Je suis débordée.
J – 8 mois : je profite de l’enthousiasme d’une bande de copains sportifs pour courir comme un cabri dans la pampa espagnole. Il fait chaud et il y a de la poussière mais au moins, cela ôte toute culpabilité à l’apéro du soir.
J – 7,5 mois : « Tu cours, non ? » Ben oui, un peu, mollement, enfin je courotte quoi.. « Tu veux pas faire le trail d’Hydra ? (voir teasing du J-12 mois) ». Le Mâle est à fond, il se voit déjà faire la course des cafés (= aller de café en café prendre des frappés) pendant que moi, je lui fous la paix cours dans la montagne. Il en rajoute sur mes capacités sportives et mes compétences, je suis faible, je suis flattée ; inconsciente (ou ivre), je dis d’accord pour 10 km de running dans des chemins pentus (= la folle, quoi !). Une copine me dit que c’est tout à fait faisable puisqu’elle même l’a fait l’année précédente. Je fais semblant de la croire mais je doute…
J – 7 mois : à défaut d’être douée, je suis déterminée alors je me lance dans un programme sportif complet à partir de la rentrée. Running trois fois par semaine, salle de sport, je ne lâche rien.
J – 6 mois : alors que je joue au tennis, dans un superbe mouvement élégant et gracieux (= un grand pas quoi) pour rattraper une balle, j’entends mon talon faire « crrr ». Si, si, un talon peut faire « crrr » ! Deux jours après, je boite comme une malheureuse. Pour la première fois de ma vie, mon corps vient de m’expliquer que trop de sport tue le sport. Mon tendon d’Achille et moi nous consolons en regardant des séries sur Netflix.
J – 5 mois : je me morfonds dans mon canapé sur une carrière de coureuse avortée dans l’oeuf mais heureusement mon kiné est sympa. Il a des mains énormes, se fiche de ma figure quand je n’arrive pas à tenir en équilibre sur des supports mouvants et instables, me fait des chauds et froids sur la cheville.
J – 3 mois : il paraît que je suis à nouveau opérationnelle pour aller courir. Vous z’êtes pas fous ??? C’est le plein hiver, il fait au moins 3 degrés, je ne vais pas sortir attraper la mort.
J – 2 mois : je suis pleine d’espoir, je cours vaillamment 5 km avant que mon talon m’explique que lui a décidé qu’il ne travaillerait pas plus aujourd’hui. J’écoute mon talon et réduit les sorties quand tout à coup un virus assassin me saute à la gorge. Je pratique donc le running mental depuis le fond de mon lit. Je constate que ce n’est pas du tout efficace lors de ma première sortie post convalescence.
J – 1,5 mois : Vu que la chambre d’hôtel est bookée, il faut bien que je m’inscrive à la course. Je consulte le site de l’Hydra Trail et envisage alors le suicide avec mes lacets de baskets lorsque je constate que la course ne fait plus 10 km mais 13 km avec 550 m de dénivelé. Je me plains auprès du Mâle qui s’en fiche.
J – 1 mois : la date de mon humiliation la course s’approche dangereusement. Je cours avec une ténacité hors du commun deux fois par semaine. Je décède donc bi-hebdomadairement dans les montées qui jallonnent mon quartier et me fais quasiment doubler par les mamies qui reviennent du marché avec leur caddie.
J – 15 jours : je prends l’apéro pour oublier.
J – 14 jours : je prends l’apéro pour oublier.
J – 7 jours : j’envisage de façon très réfléchie mon programme de course pour la semaine. Il ne faudrait pas que je pulvérise sur l’autel du surentraînement ma future performance de traileuse. Oui, deux sorties par semaines, c’est beaucoup (si, si) ! Je parfais mon régime alimentaire et constate avec effarement que boire de l’alcool n’est pas compatible avec le sport. Il me reste le tuyau de mon camel bag pour envisager la pendaison.
J – 4 jours : je commets l’erreur fatale de regarder sur le site de l’événement les instructions de course avec le détail du terrain et la courbe de dénivelé. Je pense alors me rouler par terre de désespoir mais je suis seule à la maison alors je décide de me plaindre plus tard et abondamment auprès de mon entourage. Tout le monde s’en fiche, eux ils n’attendent que d’aller boire de l’ouzo dans les tavernes d’Hydra. Bande d’ingrats !
J – 2 jours : je mange des pâtes. C’est bon les pâtes. Je vérifie que je n’ai pas oublié mes baskets, je peaufine ma playlist de running. Crème solaire ; casquette (manquerait plus que j’attrape une insolation en plus de mon orgueil bafoué) ; tee-shirt rose pour le girl power ; manucure car à défaut d’être rapide des pieds, je serai belle des mains ; ah et aussi du paracétamol et puis de l’arnica .
J – 24h : les dés sont jetés. Nous prenons le bateau. À l’arrivée, il y a du monde partout, des banderoles et de la musique très forte. Hydra est un petit joyau de port et de montagnes. Dans la capitainerie, l’organisation distribue les dossards aux coureurs. Soudain un espoir… Impossible de retrouver mon inscription dans le système… Peut-être vais-je échapper à mon destin ? Non, finalement, on m’attribue un numéro. Alea Jacta Est… Traileuse je serai…
J – 18 h : Nous déjeunons au soleil avec vue sur la mer. Je prends des pâtes, c’est sympa les pâtes. Dans l’après-midi, c’est la course des enfants, mon fils y participe. Ils sont trop chous tous ces gamins et tellement fiers avec leur médaille une fois qu’ils ont terminé. Ensuite c’est la course de 5 km, les premiers mettent quelque chose comme moins de 20 min alors que mon coach personnel prévoit un temps aux alentours de 2h (au mieux) de course pour mon 13 km. Non mais qu’est-ce- qui m’a pris de m’aligner sur une telle distance ? De l’orgueil mal placé peut-être… Il m’encourage à aller reconnaître le terrain du début de la course. Intérieurement, je pense qu’il est fou de vouloir m’épuiser comme ça à moins de 24h du trail (lui, il va faire 26 Km et plus de 1000 m de dénivelé donc évidemment mes doutes le font doucement rigoler). Je découvre le chemin, je pleure. B** à Q** de P** à M**, ça monte atrocement et ce ne sont que les deux premiers kilomètres. Des sauvages nous doublent en courant comme des dératés. Je pense qu’ils doivent être poursuivis par une bête sauvage, on me dit que non, ils ne font que s’entraîner et referont la montée puis la descente plusieurs fois pendant notre balade, je pleure. Je mets alors au point une stratégie infaillible pour la course de demain, digne d’un fin stratège : lorsque ça monte, je marche, si ça descend, je cours et si c’est plat… ah non, ce n’est pas compris dans le circuit , le plat !
J – 12h : Le soir, à la taverne, je regarde avec émotion et envie l’apéro de mon équipe de soutien, je prends évidemment des pâtes… Qu’on ne me parle plus de pâtes pendant au moins un mois !
J : Hydra Trail, 13 km, c’est pour aujourd’hui… to be continued
Bon courage ! ♀️♀️
Ouh la la, vu d’ici ça a l’air d’une folie cette course. Mais ne pas vous être dégonflée c’est déjà beaucoup. Je croise les doigts pour vous (même si vous l’avez déjà couru, mais c’est pas grave, des encouragements pré-post course ça ne peut pas faire de mal…).
Alors ? Je suis sûre que vs êtes trop modeste. Bravo pour votre détermination.