La Suisse, c’est comment ?

Alors la Suisse, c’est comment ? C’est la question que l’on me pose régulièrement. Depuis notre installation ici, la curiosité de nos proches ou moins proches, peut-être uniquement polie, est de mise. Il s’agit alors d’y répondre. Ce n’est pas chose aisée. Je tombe, je dois l’avouer, souvent dans les banalités d’usage, notamment celles qui consistent à répondre que c’est très beau, sans rentrer dans les subtilités, histoire de ne vexer personne et de répondre au devoir social du dialogue. Après 5 mois ici, voici quelques éléments de ma Suisse, hautement subjectivés par le prisme de ma perception.

Vevey, Canton de Vaud), la Fourchette
Vevey (canton de Vaud), la Fourchette

5 points de vue, totalement subjectifs !

  1. Elle parle français puisque nous habitons en Suisse Romande, la partie francophone. Les quatre langues officielles sont l’allemand ou plutôt le suisse-allemand (que les Allemands me disent avoir du mal à comprendre ! 62,6% de la population), le français (22,9% de francophones), l’italien (8,2% de la population) et le romanche, une langue rhéto-romane à racines latines (0,5% de la population. Cette dernière langue m’est totalement inconnue, je dois l’avouer. Elle est parlée dans le Canton des Grisons, dont je ne connaissais que la viande du même nom, à défaut du langage. C’est la première fois que je vis dans un pays, hors de France, dont je parle la langue. C’est assez confortable et supposément un avantage dans une recherche d’emploi dans les cantons concernés mais il est très souvent demandé de pratiquer, à bon niveau, l’une des deux autres langues nationales. Mon allemand datant de mes années lycée, je vous avoue que ça ne m’arrange pas vraiment.
  2. Elle mange vraiment beaucoup de fromage ! Ce n’est pas une légende : la fondue est une institution. Une fois par semaine, au moins, pendant l’hiver, le Suisse de souche, armé de son caquelon à alcool, est capable de dégainer son sachet tout prêt de fromages râpés, pour déguster le produit, une fois fondu, sur du pain, des pommes de terre et de la viande séchée. Oui, parce que le pain, ce serait un peu trop léger, alors on rajoute un peu de protéines au cas où. Bon évidemment, je caricature un peu mais, foi de mon médecin généraliste, le taux de cholestérol helvétique pourrait être largement imputé à la consommation excessive de la fameuse fondue, dite « moitié.moitié », c’est-à-dire composée, à parts égales de deux fromages, le Gruyère et de Vacherin fribourgeois (un exemple de recette ici). Elle diffère de la fondue savoyarde par le nombre de fromages (3 pour la fondue savoyarde) et la présence de maïzena. Pour l’heure, nous comptons, depuis notre arrivée, deux fondues au compteur (en 5 mois donc) ce qui nous rend totalement ridicules dans la pratique gastronomique. Le problème est, je dois l’avouer, que pour l’instant, je préfère encore la fondue savoyarde mais je ne l’ébruite pas trop, histoire de ne pas compromettre notre intégration sociale.
  3. Elle vit au bord du lac Léman, dans une région absolument magnifique. Mon rapport à la neige étant relativement conflictuel (j’en ai déjà parlé ici), c’était une condition sine qua non de l’installation que d’être le plus bas possible. Hors de question d’aller se coller en haut d’une montagne, si minime soit-elle pour se retrouver à déblayer la neige devant ma porte et surtout les roues de la voiture. Les bords du lac Léman entre Lausanne et Montreux sont sublimes, en toute saison et je m’extasie à chaque promenade (c’est-à-dire souvent) devant la beauté des lieux. Les montagnes qui se reflètent dans le lac, les eaux limpides ou les vagues, les dents du Midi qui nous regardent, les bateaux de la CGN qui traversent, les cygnes et les canards qui se reposent toujours aux mêmes endroits. Je n’en suis ni lassée, ni blasée, cela viendra peut-être mais, pour l’heure, je remplis de façon répétitive mon téléphone de photos et saoule consciencieusement mon fils avec mes exclamations d’émerveillement devant le paysage. En d’autres lieux, c’étaient les chameaux qui déclenchaient des réactions pavloviennes (hiii des chameaux) mais ici, j’ai bien dû m’adapter !
  4. Elle coûte cher au quotidien et, pour l’instant, je fais encore régulièrement de petites syncopes mentales devant le prix de certains aliments. Je fais bien attention à convertir le prix de la viande en CHF/kg car il est indiqué aux 100g, certainement pour ne pas décourager le consommateur, le poulet valant quasiment aussi cher en Suisse que du bœuf en France. C’est un simple exemple mais il en est de même pour les fruits et légumes en général. Bien évidemment, vous me répondrez, à juste titre, que les salaires sont eux aussi plus élevés mais d’autres postes de dépenses le sont aussi (l’assurance santé étant exorbitante par exemple). Bref, malgré tout, la pilule est dure à avaler !
  5. Elle vit tournée vers la montagne, il faut dire qu’elle n’a pas tellement le choix. Aux beaux jours, on randonne à tout va et l’hiver, on chausse ses skis comme ses baskets après le boulot pour aller faire quelques montées et descentes dans la petite station la plus proche. Autant vous dire que je n’ai pas encore atteint ce niveau d’imprégnation culturelle mais, ne reculant pas devant les affres de l’adaptation, j’ai cependant acquis, dès le début de saison, des skis (en location pour la saison) et des raquettes à neige (apportées par le Père Noël). Ainsi, face à toute motivation, même minime, à gambader dans la neige, je suis parée pour bondir, telle une marmotte boiteuse un bouquetin sur les pentes enneigées, ne pouvant me réfugier derrière l’inaction liée à une difficulté d’organisation de location de matériel.

Ma Suisse, en vrac, pour le moment c’est ça. C’est sûr, elle va évoluer, changer. Je vous tiendrai au courant !

Sources :

Cette publication a un commentaire

  1. Virginie Vignaud

    Chère Sylvie
    Quel plaisir de te lire à nouveau !
    Bravo et merci pour tes 1ères impressions suisses qui s’apparentent quelque peu à mes impressions norvégiennes.

    A très vite !

Laisser un commentaire