Le grec

Université d'AthènesHier, je suis allée faire laver ma voiture. Vous me direz : « ta vie est passionnante… » C’est vrai et je ne vous parle pas du balayage des aiguilles de pin de la terrasse pour ne pas trop vous faire envie. Après les dernières pluies de sable puis d’eau consécutives, ma voiture ressemblait en effet à un léopard (inversé) et il était donc grand temps de lui faire retrouver sa beauté de panthère noire . Direction donc la station service où, selon les usages locaux, quelques messieurs s’occupent diligemment contre quelques euros de lustrer la bête… Oui mais le monsieur en question, fort sympathique par ailleurs, ne parle que le grec et même, si l’on peut toujours mimer, je me suis dit que mes cours de grec, payés à prix d’or, devaient être rentabilisés, nom de Zeus ! De plus, pour ne rien vous cacher, je viens d’apprendre le subjonctif (oui, le subjonctif, elle est pas folle ma vie ?!)  et je ne cherchais qu’à trouver l’occasion de l’utiliser associé au présent que je maîtrise gère (oui, je trouve de petites joies partout). J’ai donc demandé avec mon plus bel accent français s’il pouvait laver ma voiture et ce, « maintenant ». Réussite TOTALE (le monsieur a parfaitement saisi ma demande) suivie d’une déconvenue tout aussi rapide. En effet, l’autochtone a la fâcheuse tendance, lorsque tu baragouines 3 mots (même avec un accent pourri et 10 secondes entre chaque mot le temps de penser à la déclinaison, à la conjugaison et au pronom personnel). de s’enflammer un peu dans sa perception de ta réelle situation par rapport à cette langue et de répondre par une logorrhée verbale ! Après que j’ai compris qu’il avait dit « non » (vous remarquerez une maîtrise assez poussée du vocabulaire), le reste s’est transformé en un magma de mots incompréhensible. Faisant preuve d’une capacité d’adaptation ultra-rapide, j’ai jugé bon de prendre mes yeux de lapin effrayé (ou de vache ignare, au choix) pour que la diatribe s’arrête. À mon air ahuri, le monsieur a vite compris que nous venions de largement dépasser mes compétences en grec et a repris plus doucement. Platon l’a dit : “La nécessité est la mère de l’invention ». Alors, adoptant un bon vieux greeklish des familles, j’ai laissé tomber le subjonctif et toute tentative de construire une phrase correcte pour lui répondre par quelques mots-clés que je pensais être adaptés à la situation. Sur la foi de ces dernières informations (ou peut-être de ma mine déconfite), le « non » s’est transformé en « oui » et ma voiture a pu être lavée. Victoire, certes petite, mais victoire quand même ! Bref je parle grec… (ou presque).

 

Cet article a 6 commentaires

  1. Tara B.

    Merveille ! Je sens que ton grec ressemble à mon chinois, je me sens moins seule d’un coup 😉

  2. Expatographies

    Tout à fait ! Les joies de l’apprentissage… A défaut d’une efficacité folle, on va dire que, à mon âge avancé (29 ans donc), ça m’entretient au moins les neurones !

  3. Christelle wurms

    Katharisete, Meta que exo, et poso kani, c’est à peut près tout ce que j’arrive à dire, on ira ensemble la prochaine fois, à nous deux on fera une belle paire !

  4. Maria Dolores

    L’essentiel est que tu nous fasses une petite vidéo pour apprendre à dire correctement : « va te faire voir chez les Grecs! ». Je subodore un kiff linguisitiquel

  5. Bérénice

    Le genre de situation qui arrive à tous les expat haha. J’adore la description des « yeux de lapin effrayé », je me reconnais tout à fait XD

    1. Expatographies

      On peut aussi choisir l’option « vache abrutie » mais c’est moins flatteur 😉

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