Polytechniou Day

2016_11_17_e_evzones_dsc02241On loue la Grèce pour avoir inventé de nombreuses choses très utiles comme la démocratie ou la moussaka mais ce pays est aussi novateur dans le concept du jour férié… En effet, ici, le 17 novembre, Polytechniou Day, est férié mais seulement pour une partie de la population, un jour à demi-férié donc. Seules les écoles ne travaillent pas, enseignants et élèves sont au repos alors que tous les autres remplissent, comme d’habitude, leurs obligations professionnelles. Pourquoi seulement les écoles me demanderez-vous ? Soyons donc un peu sérieux et parlons histoire, pas celle des colonnes et des mythes mais celle de la Grèce moderne avec de la politique bien compliquée et des jeux de pouvoir internationaux…

Le 17 novembre, la Grèce célèbre le soulèvement des étudiants de l’Ecole Polytechnique (d’où Polytechniou Day) le 17 novembre 1973, soulèvement qui fut réprimé par la junte militaire. Bien qu’ayant échoué, ce soulèvement marque le début de la fin de la junte militaire des colonels (1967-1974) et est donc une date décisive dans l’histoire moderne de la Grèce.

Petit retour en arrière : après quatre siècles de domination ottomane, la Grèce gagne la guerre contre les Turcs et devient indépendante en 1830. État sous influence, la Grèce reste sous la coupe de ses protecteurs qui sont la France, l’Angleterre et la Russie qui y imposent la monarchie et des souverains comme Othon1er ou Georges 1er. Au 20e siècle, l’instabilité politique est grande entre monarchies constitutionnelles et républiques qui se succèdent. Après la guerre civile terminée en 1949, entre la situation économique désastreuse et l’épineux problème des tensions entre Grecs et Turcs de Chypre, le gouvernement est fragilisé. C’est dans ce contexte que les militaires lancent un coup d’état le 21 avril 1967, conduisant à l’établissement de la dictature des colonels. La junte militaire, sous prétexte de la menace communiste, met en place un régime totalitaire répressif abolissant les droits civils. Les étudiants sont particulièrement visés et contrôlés. Le 14 novembre 1973, les étudiants décident de l’occupation de l’École Polytechnique à Exarheia et lancent des appels à la révolte. Ils sont soutenus par une partie de la population. Le 17 novembre, ce sont les chars militaires qui entrent dans l’école et évacuent, dans le sang, les étudiants. La loi martiale et les tribunaux militaires sont mis en place. La junte dirigée par le colonel   Papadopoulos accuse néanmoins le coup et sera remplacée par une junte encore plus radicale le 25 novembre 1973. Premier acte d’une pièce en deux parties, le soulèvement étudiant met un coup de canif au régime militaire. Le second, fatal, sera la crise chypriote. En effet, pour renforcer leur popularité, les colonels décident de réaliser la mythique union (Enosis)  entre Chypre (république indépendante dirigée par un président grec et un vice-président turc) et la Grèce. Ils renversent le président en place et mettent en place un gouvernement favorable à l’Enosis. Les Turcs répliquent par un débarquement sur l’île pour protéger les populations turques de Chypre. À Athènes, la junte est incapable de gérer ces intentions belliqueuses. Le régime militaire s’effondre le 23 juillet 1974, la démocratie se réinstalle enfin.

 

 

 

Cet article a 4 commentaires

  1. Christelle Marbach W

    La suite à voir… Bises.

    1. Expatographies

      de la suite, il y en aura, c’est sûr!

  2. Tara B.

    Après ça il ne reste plus qu’à revoir quelques films de Costa Gavras et on est bons 😉 Merci pour ce petit cours d’histoire, j’adore les cours d’histoire !

    1. Expatographies

      Allez on rajoute Zorba le Grec pour faire la totale ! Et des cours d’histoire, il y en aura d’autres, je pense car l’histoire de la Grèce n’est pas un long fleuve tranquille…

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