Etre blogueuse, c’est un réel engagement, une implication de tous les moments. On m’imagine peut-être en train de taper négligemment des billets en quelques minutes de mes ongles parfaitement manucurés, un thé fumant à côté de moi dans une jolie tasse vintage, sur un bureau au style dépouillé. Dans la vraie vie, il n’y a que le thé qui est réel, le Mâle soupire tous les soirs devant l’état du bureau sur lequel la souris a du mal à se frayer un chemin, mes mains ne sont que cuticules et désquamation dans les rigueurs de l’hiver athénien  et mes billets sont en général assez laborieux à produire. Et puis ce n’est que la face cachée de l’iceberg, derrière la vitrine des billets se cache toute une machinerie technologique qu’il faut entretenir et faire fonctionner.

Et c’est là que le bât blesse un tantinet car ces contingences informatiques, bien que je sois quasiment née en même temps qu’elles (j’ai 29 ans, je vous le rappelle) ont parfois tendance à parfois m’échapper. Depuis des mois, je repoussais  l’instant fatidique de remettre à jour mon interface wordpress car des Cassandre m’avaient prévenu que ce genre de mise à jour pouvait mettre à mal un petit blog innocent. Echaudée par une expérience malheureuse de travail à chaud sur blog sur les coups de 23h (très mauvaise idée),  j’avais décidé d’assurer mes arrières et de faire des sauvegardes en faisant comme dans les tutoriels sur youtube dans les règles de l’art. J’avais déjà dans un élan surprenant d’organisation préventive installé quelques mois auparavant une petite extension (BackWPup) dont le job était de sauvegarder régulièrement le fruit de mon travail mais, 1er  bug, je ne savais pas trop comment utiliser les fichiers obtenus. Qu’à cela ne tienne, je n’aime pas  trop qu’on me résiste et ce n’est pas un peu de technologie qui allait bloquer mon élan geekesque  ! Je décidais donc de tester les sus-dits fichiers en « local » ce qui n’a rien à voir avec les circuits courts de distribution des salades mais correspond en fait à mon ordinateur. Pour cela, toujours dans une fulgurance étonnante, j’intallais un simulateur de wordpress (InstantWP) pour tester mes fichiers. Je sentis alors le 2e bug poindre quand le mode d’emploi d’InstantWP commença à être très grossier en évoquant un certain pHpMyAdmin qui, malheureusement ne me semblait n’avoir aucun lien de parenté avec le pH dont je maîtrise, sans me vanter (oui, je suis modeste en plus d’avoir un physique de rêve), assez bien les arcanes. J’essayai de déjouer le pHpMyAdmin pas accommodant en me rabattant sur l’import -xml de mon blog dont je ne maîtrisais pas la signification mais qui me semblait nettement plus attirant. 3e bug : le résultat obtenu était tout pourri n’était pas satisfaisant et j’ai dû me faire à l’idée, à mon grand désespoir, que mon séducteur -xml ne pouvait assurer tout seul. J’abandonnai alors dans un même élan InstantWP et -xml, mes séducteurs incompétents et, à peine aidée par la rubrique « support » de mon hébergeur, je fis, avec une aisance dont je ne suis pas peu fière, une copie complète du blog sur mon PC via serveur FTP en utilisant FileZilla (pour les non-connaisseurs, rien à voir avec un singe géant) après en avoir péniblement retrouvé les identifiants de connexion. Enhardie par cette réussite sans précédent, je pris la folle initiative d’activer la sauvegarde de la base de données via mon hébergeur et cette fois-ci on me renvoya en pleine figure que c’était du -sql qu’il me fallait ! 4e bug : que faire de ce petit nouveau -sql ? J’ai commencé à envisager la strangulation avec le fil de ma souris qui malheureusement n’en comporte pas mais n’ayant pas encore eu le temps de visiter une seule île grecque, je décidai donc de reporter cette action radicale à un peu plus tard. C’est là que le 5e bug s’est produit : serait-ce une intoxication à l’olive, un shoot à la féta ou un abus d’ouzo, j’ai réussi l’exploit, en suivant les consignes données par l’hébergeur, à définir une base de données (qui contient les éléments du blog comme par exemple, au hasard, les 140 billets publiés à ce jour et n’existant sous aucune autre forme physique ou virtuelle) qui n’était pas reliée à mon blog… Comment est-ce possible ? Je ne sais mais c’est certainement une expression de mon génie informatique inné ! Après avoir donc brillamment sauvé  une base de données vide, j’ai décidé que soit je laissais mourir mon blog de mort lente par obsolescence programmée de wordpress, soit je remballais mon orgueil et demandais de l’aide à un spécialiste. Chez mon hébergeur, A. a eu un peu de mal à comprendre quel était mon problème mais c’est normal le génie n’est pas toujours directement accessible au commun des mortels. A., pas farouche, m’a fait faire des choses terriblement osées comme de rentrer dans le fichier wp-contents à la racine du www de mon blog et m’a condamnée à rentrer à nouveau en contact avec pHpMyadmin. Je le soupçonne d’avoir partagé avec l’ensemble de ses collègues mes questions idiotes et d’avoir de quoi faire rire 3 générations de geeks mais il a eu le bon goût de ne pas faire étalage d’ironie dans ses mails car A., en plus d’être compétent, est délicat. C’est donc l’homme parfait (après le Mâle qui en plus fait la cuisine lui !) et, grâce à lui, je peux me la péter un peu en parlant du dump de base que je crée régulièrement, fichier sql (évidemment) que je peux importer à tout moment dans pHPMyAdmin pour restaurer mon blog, beaucoup plus efficacement que par l’import-xml, isn’t it ?
Dans ma vraie vie de geek de pacotille, j’ai donc fait la mise à jour de wordpress en 15 jours (!), nourri mes enfants de pâtes et de laitues flétries faute de temps passé à la cuisine, suspendue que j’étais au clavier d’A., agoni d’injures l’internet mondial et son vocabulaire hermétique…. Et personne n’a rien vu ! :’-( Etre blogueuse (nulle), c’est ingrat quand même !