Bestiaire

HuppeC’était une toute petite tortue, à peine plus grosse qu’un abricot, qui a accueilli le Mâle lors d’une visite de la maison qui allait devenir la notre. Elles sont protégées en Grèce alors nous avons décidé que c’était un signe de bon augure. Trop frileuse peut-être, elle n’a pas réapparu après l’hiver, étant certainement été porter chance à des voisins. Au printemps ce sont les chenilles processionnaires qui ont éclos. Susceptibles celles-ci, du genre à te balancer leurs poils urticants à la figure si tu les déranges. Heureusement, il n’y a pas de pins dans notre jardin mais nous avons repéré les nids et surtout, courageux comme toujours, nous les avons toujours laissées traverser tranquillement en file indienne sans aucune intervention vindicative de notre part. Au fil des mois, la végétation s’est assoupie lourdement dans la chaleur de l’été qui nous envahissait. Le 1er juillet, comme si elle avait lu le calendrier, la cigale (oui, LA cigale de notre jardin) a décidé de commencer à chanter, les températures flirtant enfin avec les 30C (et quelques). Elle a rempli l’espace du chant de ses amours, déçues ou réussies on ne sait. Malheureusement, elle avait été précédée par des insectes nettement moins sensibles aux températures et pour lesquels je fais office d’open bar de façon récurrente : j’ai nommé les moustiques. Tortillons fumigènes et répulsifs les font, je crois, doucement rigoler et mon baume du Tigre, souverain contre les démangeaisons, me suit partout. Quelques geckos font bien acte de présence sur la terrasse de la cuisine mais ils usurpent franchement leur réputation de chasseur car ce ne sont visiblement pas les moustiques qui les engraissent, étant donné le nombre de diptères agressifs que je nourris de ma pauvre personne. À la porte d’entrée, ce sont les fourmis qui montent la garde. À défaut d’être aussi efficaces que les molosses baveux des voisins alentours, elles sont bien élevées et ne dépassent pas le porche alors nous les laissons vivre en nourrissant le secret espoir qu’elles élèvent assez de pucerons pour faire crever les affreux rosiers exsangues qui défigurent ornent notre entrée. Parfois une chenille malotrue tente de s’inscruster discrètement en se cachant derrière une feuille d’oranger mais les grignotages de la gourmande se voient vite et l’exil est alors vite prononcé. Une mante religieuse a même décidé, au grand dam de la Drama Teen, au bord de l’évanouissement, de visiter notre salon mais je ne suis pas accueillante à ce point, surtout quand on arrive non annoncée et les pattes vides. Elle a payé son dû en jouant les modèles photographiques et je l’ai remise dehors sous le regard horrifié de ma fille qui pensait que ce tigre de la prairie allait me sauter à la gorge alors que l’argent de poche de septembre n’avait pas encore été attribué. De temps en temps, des chats traversent d’un air dédaigneux l’herbe mais aucun n’a encore succombé ni à mon charme ni à mes croquettes. Je ne désespère pas pourtant de distribuer quelques caresses d’ici peu. Profitant de leur absence, une jolie huppe a décidé que notre pelouse, ou ce qui en tient lieu, recelait des trésors alimentaires. Elle vient parfois picorer, passant alors le plus clair de la journée sous ma fenêtre, insouciante de ma présence, se réfugiant dans le néflier voisin en cas de danger mais veillant à préserver son territoire des incursions des geais audacieux. Je la guette tous les jours mais elle n’est pas très fidèle alors à défaut je me contente des petites mésanges ou des gros merles qui, eux, sont des réguliers.

Mon jardin, tout ce petit monde…

Cet article a 2 commentaires

  1. Tatie des iles

    Contre les moustiques essaies le vic vaporub ça marche super bien pour moi à Bora

    1. Expatographies

      Comme répulsif ou comme anti-démangeaison ?

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