J’ai dû toucher mon premier ordinateur vers 14-15 ans. Démarrer un PC sous Dos, les disquettes souples à la mémoire courte et la programmation en langage SAS (auquel je n’ai jamais RIEN compris d’ailleurs), c’est avec ça que j’ai eu mes premiers émois informatiques. C’est vous dire si mon imprégnation technologique vient de loin et qu’avec un sens du modernisme particulièrement aiguisé (je suis sur Facebook depuis 2012, impressionnant non ?), j’ai découvert la blogosphère en 2009 juste avant de partir en expatriation. Ce fut alors pour moi moyen d’avoir de l’information non biaisée sur la destination vers laquelle je partais. Lire des « anonymes » raconter leur vie, leurs sentiments ou leurs impressions m’avait permis d’appréhender de manière plus concrète ce lieu inconnu et puis, de fil en aiguille, de découvertes en découvertes, je me suis dit que moi aussi, je pouvais faire ça : un blog. Un blog pour rendre service, comme ceux qui m’avaient éclairée, un blog pour informer ma famille et mes amis sur mon quotidien, un blog qui progressivement s’est ouvert à des petites chroniques sur moâ, ma vie, mon oeuvre, un blog pour faire marrer un peu aussi, un blog pour écrire tout simplement parce que j’aime ça… Évidemment, en tant que blogueuse, je lis chaque jour d’autres blogs, c’est bien la moindre des choses : des blogs d’expat, des blogs de chroniques, des blogs de fille, des blogs sur les blogs, des blogs de photos, des blogs de bouquins,  des blogs d’actualité, des blogs de DIY enfin bref de l’éclectisme c’est sûr, de la qualité, ça ce n’est pas toujours gagné. Avec ma petite expérience, j’ai constaté que mon petit monde bloguesque avait en 4 ans beaucoup changé, que certains blogs que j’appréciais avaient perdu leur âme et que désormais, je pouvais les évincer de mon Feedly sans aucun regret… Vous le savez, j’ai à peine 27 ans (surtout dans ma tête parce que mon corps, hein …) mais je crois que c’était mieux avant. Parole de vieux c**, j’assume et je constate que la professionnalisation des blogs est en train de tuer les blogs, tout du moins, ceux que, moi, je parcours. De plus en plus de blogueurs tentent de vivre, au moins partiellement, de leur plume web, tant mieux pour eux mais à quel prix ? Les textes amusants, les billets d’humeur ou les posts impertinents laissent de plus en plus la place à des revues de produits, des « tests » grandeur nature, voire à des concours (ou comment gagner des lecteurs !). La plupart des auteurs sont honnêtes et mentionnent leurs billets sponsorisés et je passe alors mon chemin car rien ne m’oblige à lire ce dont je n’ai pas envie. Je ne m’autorise pas non plus à critiquer cette démarche « in situ » dans les commentaires puisque mon meilleur argument d’opposition c’est justement de ne pas lire ! Cette évolution me permet néanmoins de constater que ma sélection devient de plus en plus darwinienne : les plus faibles à la trappe ! Alors, non, je n’ai pas dans ma blogroll (à venir, à venir) que des blogs à visée non commerciale, à la démarche pure et dépourvue de l’appât du gain mais des blogs dont l’écriture continue de me plaire, dont l’auteur parvient à transmettre une vraie émotion et insuffle de l’humanité dans la désincarnation du web, dont la lecture me touche, me fait rire, m’informe intelligemment, ou m’apporte une petite dose de culture. Moi j’aime les blogs qui gardent la trace de leur histoire, celle des pionniers des années 90 qui étaient des sortes de journaux intimes online et dont la base de la communication, c’est le texte, le mot, la phrase… Comme dirait un grand philosophe du 20e s., Jean-Jacques Goldman, tant que l’écriture est bonne, je pardonne tout, même les billets-concours, même les photos de pieds et l’usage abusif des stocks d’images gratuites avec des arcs-en-ciel et des nuages en forme de coeur. Oui, même ça, je peux faire abstraction, c’est vous dire si je suis courageuse ! Alors, s’il vous plaît, les belles plumes du web, ne vous perdez pas en route, ne me perdez pas, gardez le cap des jolis mots…