A mon arrivée à Singapour, je n’avais pas ménagé mes efforts pour m’adapter. Cela passait, pour moi, par l’achat de produits locaux (enfin, venant de pas trop loin) au lieu de courgettes importées des USA qui, outre leur empreinte carbone, valait leur poids en or. Pour cela, dans les premières semaines, j’avais embarqué mon fils et mon cabas au marché pour ramener quelques merveilles alimentaires asiatiques… Quatre ans plus tard, je dois admettre que je ne me suis jamais sentie aussi dépaysée (et paumée), en tant qu’expatriée, que lors de cette première visite au wet market. Face à ces étals avec des montagnes de légumes à feuilles et des courges bizarres dont je n’avais aucune idée des noms et encore moins de leur utilisation, je me suis dit qu’il me restait encore du boulot pour le repas et que je passerai d’abord par la case supermarché pour qu’au moins, le nom figure sur une étiquette (avec le prix aussi d’ailleurs) et que Google m’aide à les cuisiner.
Je suis la première à rire de cette anecdote sans aucune gravité ni conséquence mais elle est très représentative de l’une des facettes du fameux « choc des cultures ». En effet, vu de l’extérieur, s’expatrier correspond à de grands chamboulements : quitter un pays, laisser famille et amis, reconstruire sa vie personnelle et professionnelle, des bouleversements majeurs. Mais vu de l’intérieur, s’expatrier c’est perdre ses repères au quotidien, avec des traditions, des coutumes ou des religions différentes mais aussi dans les tout petits détails de la vie ordinaire, celle de tous les jours, celle où l’on va faire les courses avec son caddie et où l’on se retrouve devant le rayon du lait pendant 10 min à ne pas savoir quelle marque choisir car aucune d’entre elles n’est familière. Et Dubai, comme Singapour, m’a fait me fait encore aujourd’hui perdre du temps dans les rayons des supermarchés, le temps de retrouver les références de mon shopping alimentaire… Alors, pour une (relative) nouvelle expatriée dubaiote comme moi, les courses c’est :
– chercher le beurre pendant 1/4 d’h avant de se rappeler que, PARTOUT, il est vendu congelé au rayon des surgelés, oui, oui à côté des pizzas et des légumes.
– vérifier que le marketing s’applique aussi aux produits de base et me résoudre à acheter des œufs tout blancs, les seuls vendus au magasin local, et qui font bien pâle figure à côté des œufs bruns de nos poules françaises.
– défaillir de bonheur, après 3 ans en Asie, devant le rayon des laitages qui regorgent de yaourts en tous genre.
– m’enivrer de l’odeur du stand des épices et goûter plein d’olives avant de les acheter.
– faire du racisme commercial et n’acheter que des concombres et des tomates qui viennent des UAE, de Oman ou du Liban.
– racheter avec plaisir et sans se faire hara-kiri sur le porte-monnaie des mandarines, même en dehors de Chinese New Year,
– hésiter sans fin devant les dattes mejdool, fard, khalas et toutes les autres variétés… Puis, au bout du compte, prendre au hasard…
– passer au rayon traiteur et y acheter à chaque fois du houmous ou du taboulé puis s’en lasser et passer au moutabal.
– acheter du jambon avant de se rendre compte qu’il est de dinde.
– chercher le coin, toujours au fond, où se trouve caché le rayon de vente de viande de porc dans les supermarchés qui en propose et se mettre dans la tête que Carr***, malgré ses liens avec la France, n’en a pas !
– regarder d’un air dubitatif des fromages dont on ne sait à quoi ils servent mais dont l’on se doute que la texture caoutchouteuse risque de ne pas être appréciée à la table familiale. J’ai, pour ma part, dompté le haloumi grillé sur la salade, un ersatz très lointain de chèvre chaud (sans l’odeur) ma foi nien plaisant… je ne suis pas peu fière de cette innovation culinaire à ma table !
– acheter systématiquement le TimeOut à la caisse pour décider de l’activité du week-end !
Et chez vous, les autres déracinées c’est comment ?
Si tes tomates locales ont du goût, pense à nous à Singapour! Fais nous un colis à la place des chocolats de pâque !
Oui, nos salades ont enfin changé de couleur… et ça c’est cool !
Mets-y aussi les olives et les dattes, qu’on puisse faire une salade
et le haloumi grillé… Miam !
Et voila, on ne se refait pas ! un article qui parle de « bouffe » et me je me reprends à relire tes lignes toujours si bien écrites, décidément quelle plume 😉
Un mix entre heritage culturel et cuisine avec des ingrédients locaux est finalement une solution optimale que de soit pour la forme ou pour notre porte-monnaie. Dis-moi que tu regrettes les fruits exotiques et je te dirais que je t’envie avec toutes les épices, huiles d’olives, dattes Medjool (the best of the best !!) et houmous à gogo ! A chaque pays ses plaisirs..et pour le bien de la planète, essayons au maximum de nous faire plaisir avec ce que nous trouvons à proximité/localement en se disant que la vie est longue et qui sait, que nous pourrons nous aussi nous régaler d’un véritable régime méditerranéen en regrettant les ananas et les mangues…et autres réjouissances locales singapourienne !!
Chère Aurore, quel plaisir de te retrouver. Je compte sur toi pour me donner un cours sur les dattes alors !
L’avantage d’être à mi-chemin entre l’Europe et l’Asie fait que l’on trouve quasiment de tout (sauf le chocolat à cuisiner, va comprendre) et on peut se regaler de mangues (bon, on paie la note plus salée quand même) et de saucissons mais on consomme local, c’est vrai et ça c’est ma philosophie !
Bonjour,
C’est vrai que la nourriture est aussi une étape dans la réussite de l’expatriation. Mon fils de 4 ans ce matin m’a dit: « je veux retourner en France pour manger comme c’était là-bas » ….. Alors, l’ouverture culinaire à l’Asie (qui avant d’arriver à Singapour était un MUST), je la fais pour nous les grands …. Pour les enfants, toujours une touche Française ! Plus compliqué à gérer !
Nous on mélange, un peu de cuisine française, du moyen-orient et de l’asiatique … Tout le monde y trouve son compte et puis l’ équilibre alimentaire on le fait sur la semaine ;-)!
Mais apparament, ça ne suffit pas ……
Dans tres, tres peu de temps tu vas trouver des mangues a Dubai, la reine des mangues, l’Alphonso!! Les indiens/pakistanais les important en grande quantite a Dubai! Mais il faut les aimer, ells ont un gout tres prononce et sont d’une couleur soutenue comme la papaya; mais comme on les adore… Mon mari en ramenait tj quand il revenait de Dubai au printemps. Regalez vous!! – Ne nous parles pas des belles tomates, tu sais bien a quell point ells nous manquent ici a Singapour!
Continues a nous regaler avec tes billets!!!!
Bisous des tropiques,
Karin
Chère Karin,
Mmmmh les mangues… On continue à s’ en régaler !
Bonjour,
Quelqu’un aurait des idées de recettes un peu éxotiques à base courgettes? 🙂