Carpe Diem

SONY DSCA quelques jours près, cela fait 6 mois que nous sommes arrivés à Dubai, 6 mois, c’est la période minimum pour s’installer quelque part et s’y sentir (un peu tout du moins) à la maison. On sait où aller chercher les scoubidous demandés par la Drama-Teen, le réseau fonctionne pour dénicher le legging jaune pour le Carnaval du King Boy (si, si, jaune le legging, c’était pas une blague), on connaît les magasins qui vendent du porc (parce que Carrefour, non), je parviens à viser le bon parking pour Dubai Mall quand je veux aller à Kinokuniya (♥) même si je ne maîtrise pas les niveaux (oui parce que le P3 ça n’est évidemment pas le niveau 3 du Mall), on pense à demander la non-smoking area dans les restaurants et King Boy réclame désormais d’aller à la plage comme il demandait auparavant d’aller au playground. Bref, ça y est on se débrouille et il y a comme un flottement en ce moment du genre “what’s next ?”. Réflexion, incertitudes, l’expatriation c’est aussi ça, se construire un avenir à petits pas, retrouver une activité épanouissante pour le conjoint suiveur mais toujours recommencer, à chaque nouveau départ. Il faut aller vite mais en douceur. Je ne suis pas de celles qui décident sur un coup de tête, c’est comme ça. Souvent douter, s’arrêter pour mieux penser, se demander ce qui est le mieux pour soi et/ou pour sa famille. Alors il faut partager, discuter, échanger sur les expériences de vie avec des amis comme des connaissances. On tire du positif de ces conversations souvent mais parfois non parce que, paf la tuile, on a rencontré un nuisible. Ça faisait longtemps que je n’en avais pas rencontré mais, c’est comme les fourmis et la poussière, il y en a partout. Les nuisibles, j’en avais déjà parlé lorsqu’il s’agissait de touristes mais malheureusement l’espèce prolifère dans toutes les contrées. Allez petit guide d’identification du nuisible et de ses piques assassines :

  • un nuisible a une activité absolument passionnante -il fait du commerce de boulons avec doublure fourrure qui font fureur- et ça lui rapporte un max de pognon, te fait-il remarquer  délicatement. Il reste perplexe devant l’idée saugrenue de travailler pour une entreprise dont il ne connaît évidemment pas le secteur d’activité… De toute façon, te dit-il, tu n’as aucune chance, ils ne prennent que des jeunes. Si en plus, tu envisages de ne travailler qu’à temps partiel, il réprime à grand peine un fou rire…
  • un nuisible te connaît à peine, a éventuellement des enfants en bas-âge mais peut te donner un jugement sur tes choix de vie et, en général, sur l’école de tes enfants… Avec les yeux écarquillés et un rictus horrifié, il te dit : “Comment tu ne les as pas mis en école internationaaaale mais comment vont-ils apprendre l’anglais !?”
  • un nuisible a un un complexe de supériorité et préfère t’enfoncer dans tes  abîmes de perplexité déjà plus profonds que le gouffre de Padirac plutôt que de te dire, sans aucun engagement de sa part, “Bon courage pour la suite” parce que juste être sympa, c’est un peu trop la loose.
  • un nuisible t’assène qu’il y a taaaaaannnnnt à faire ici et finit invariablement au mall le week-end mais il te regarde d’un air méprisant aller à la plage jouer au ballon.
  • un nuisible croit dur comme fer que son organisation personnelle est la meilleure. “Comment ?! Tu n’as pas de maid ? Et qui s’occupe des enfants alors ?”… Ben moi…
  • un nuisible te demande combien de pages vues a ton blog avant d’en demander le contenu. A ta reponse peu explicite mais véridique “euh… je sais pas”, il te parle SEO et référencement dont tu te fiches éperdument vu que tu ne vends rien et que tu écris pour le plaisir… Le quoi ?

Alors à tous ceux-là qui aiment voir le verre à moitié vide plutôt que moitié plein, je préfère ne rien dire, ne rien répondre, m’en aller chercher ailleurs le doux, le beau, le joli, le gentil, l’optimisme. Dans le sourire de mon fils que j’attends à son retour de l’école et qui me raconte quelle nouvelle lettre il a appris en arabe, dans le ciel toujours bleu du matin, dans le bruit des vagues et le ballet des kite-surfs, dans la beauté de Burj El Arab dont je n’aurai jamais les moyens de me payer une chambre (mais est-ce si grave…), dans un bougainvillée croisé ce matin et taillé en forme d’oiseau, dans les mots tranquilles d’une copine qui m’écoute ou me raconte, dans le vernis coloré de mes ongles (tant qu’à véhiculer des clichés d’expat…), dans les paillettes et les pois (oui, oui les 2 ensembles) de mon écharpe, dans chaque petit détail insignifiant mais positif de ma vie qui, si elle est indécise, n’en est pas moins belle…

Cet article a 10 commentaires

  1. Pomdepin

    Il y en a partout de ces nuisibles! J’en connais quelques spécimens en Angleterre aussi 🙂

    1. Mots d'ici et d'ailleurs

      Oui, visiblement ça supporte bien les transports ces bêtes-là !

  2. Francois

    A Singapour, on a repéré un couple qui niche près de la plage.

    1. Mots d'ici et d'ailleurs

      Ils sont partout ! Une vraie vermine !

  3. Éric

    Salut !
    C’est insupportable ce genre d’espèce. C’est idiot de demander le nombre de pages vue sur un blog. Non ça le plus important c’est le nombre de visiteur unique, comme tout bon blogueurs devrait savoir. D’ailleurs sais-tu qu’avec Google tu peux gagner de l’argent en mettant pleins de bandeaux publicitaires ? C’est ce que j’ai fait sur mon blog, comme de toute façon personne ne lisait mes articles car trop intellectuels. Du coup ça fait de l’argent que j’épargne pour mes enfants. Étant donné que ceux-ci (7 et 9 ans) vont certainement faire l’un des études en médecine (car il aime jouer avec les pansements) et l’autre faire Science Po car il parle merveilleusement bien.
    Sinon ça fait 6 mois que je suis a Dubaï et j’en ai déjà fait le tour au moins 3 fois, c’est vite lassant. Mais comme j’occupe une position stratégique dans une multinationale qui commercialise des solutions de rétention capillaire (élastique à cheveux pour le français moyen), ma société me paye un salaire de ministre pour que je reste. Pour le moment, je ne bouge pas malgré le fait que je me fasse régulièrement chasser par de nombreux cabinets de recrutements. Désolé je parle beaucoup, bref tout ça pour dire que ces gens qui pensent tout savoir sur tout sont une vrai plaie.

    Eric

    1. Mots d'ici et d'ailleurs

      :-), merci de ces précieux conseils 😉 Eric !

  4. Sandrine

    Quel bonheur de te lire, Sylvie! Tes mots me font rire et me donnent la fraîcheur nécessaire pour apprécier les petits moments de la vie. Et, oui, il y a aussi des nuisibles au Canada !! Mais bon, comme toi, j’essaie de les ignorer et de continuer mon chemin … Merci !

    1. Mots d'ici et d'ailleurs

      Merci !

  5. Christophe Boulord

    Salut,

    Merci pour tous ces jolies mots sur votre vie à Dubaï. Nous partons entre le 15 Juin et le 1er Août, et nous avons beaucoup lu ton blog pour nous faire une idée de ce que serait notre vie dans les prochains mois.

    Cordialement.

    1. Mots d'ici et d'ailleurs

      Je suis heureuse que cela puisse être utile…. bon départ !

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