Le week-end, nous essayons de garder une journée « découverte » c’est-à-dire que, aussi confortable que puisse être le canapé / le hamac / le fauteuil et aussi grande qu’est généralement la flemme, j’essaie quand même de faire bouger la troupe (non sans mal voire carrément sans succès avec la partie adolescente de la famille). En hiver, j’étais la première à me traîner lamentablement en essayant de mimer les affres d’une pneumonie du genou gauche si le temps était froid et maussade mais avec les beaux jours, il est difficile de se trouver une véritable bonne raison de ne pas sortir de notre petit cocon. Ces derniers temps, nous sommes un peu monomaniaques de la plage. OK, ok, il ne faut jamais comparer deux expatriations mais s’il y avait un bon côté à celle de Dubai, c’était la proximité de cette plage, rarement peuplée sauf le week-end (et encore) et la température de l’eau délicieuse. Ici, la mer n’est pas loin mais elle n’est pas toute proche car l’équation de départ de localisation aux 3 inconnues logement/boulot/école a eu raison de toute velléité d’admirer les flots de Poséidon au saut du lit. Nous sommes donc sur une colline (Athènes n’est que collines de toute façon) à environ 45 min des plages les plus proches, celles de la côte est de l’Attique. Cette fois-ci, nous avions jeté notre dévolu sur la plage de Psatha, sur le golfe de Corinthe et sur recommandation d’un autochtone. À notre arrivée, la partie « garons notre véhicule en toute sérénité » s’est évidemment transformée en la quête du saint-graal au milieu de l’anarchie habituelle que constitue le parking à la grecque. Au bout de 15 min de trajet au pas et avec force grommellements du Mâle, une place s’est offerte à nous, même pas susceptible d’être bloquée part une 2e rangée de voitures (Cf le parking à la grecque bis). Nous nous sommes jetés dessus comme une mouche sur de la feta. Pourquoi tant de monde ? Mais parce que visiblement nous avons un atavisme instinctif pour projeter nos escapades dans des lieux où des événements sportifs se déroulent ce qui génère une attractivité pour le lieu dont nous nous passerions bien ! Bêtement nous n’avions pas vérifié mais il venait de s’y dérouler un triathlon. Pour nous consoler de la foule, heureusement nous (enfin surtout moi) avons pu contempler de beaux mecs musclés des sportifs courageux. Après toutes ces émotions (la route, la place de parking, les beaux mecs musclés…), nous avons sécurisé une zone avec notre parasol, coincé entre quelques cailloux puisqu’il s’agit d’une plage de galets avant d’aller nous baffrer de poulpe grillé et de salade grecque dans la petite taverne à côté. C’est repus que nous avons regagné nos serviettes et tenté l’aventure de la baignade. Cette eau turquoise me tendait les bras mais elle a néammoins un gros défaut, celui d’être froide (beaucoup trop selon mes critères puisqu’en dessous de 28C, je suis frigorifiée). Considérant que 1) je vis en Grèce 2) il est censé y faire chaud 3) des gens étrangers y viennent pour profiter de la mer 4) que nous étions le 5 juin, j’ai décidé que je ne pouvais pas ne pas me baigner. J’ai donc pris mon courage à deux mains, espéré que toute cette eau froide allait me briser instantément toutes les cellules adipeuses (j’ai le regret de dire, a posteriori, que non, hélas, non) et sauté avec légèreté dans l’onde pure. En réalité, étant donné les cailloux au fond de l’eau et la température de l’eau (glaciale je vous le rappelle, aux alentours de 20C donc), je suis plutôt rentrée avec la grâce d’un hippopotame boiteux et ai nagé vigoureusement le temps d’homologuer ce bain de mer avant de rentrer reprendre mes deux activités consacrées sur la plage, lire et faire des études sociologiques ce qui signifie en réalité « mater les gens mais discrètement » ! Ne me jetez pas la pierre car, je le sais, vous aussi vous le faites. Ces études sociologiques permettent donc d’établir des catégories bien définies. L’éventail de celles que nous avons rencontrées dimanche avec le palmarès des winners… :
catégorie 1 : j’ai un chien mais il faut que je me soigne. Le vainqueur est bien évidemment Fluffy, avec sa serviette personnelle Superman (si) ainsi qu’un parasol réservé (si, si) alors que ses maîtres grillaient au soleil. À aucun moment, nous n’avons le pu voir marcher, sa maîtresse Brenda ne supportant visiblement pas que son chien blanc et fluffy (cqfd) touche le sol et le portant pour tous ses déplacements… Je n’ose imaginer comment elle s’y prend pour les besoins de la bête.
catégorie 2 : J’essaie d’être classe mais j’ai du mal. La palme revient à Cunégonde, sortant visiblement des toilettes de la taverne, le port altier mais la robe coincée dans la culotte… Il revient également de nommer Kevina, belle jeune fille sortant des eaux et essorant à qui mieux mieux son soutien-gorge, les deux mains pressant donc consciencieusement les avantages que la Nature lui a généreusement donnés… D’un point de vue masculin, il est possible que cette opération soit perçue beaucoup plus positivement mais le Mâle, cet astre, m’a assuré que non.
catégorie 3 : je suis cool, mais vraiment très cool. Robinson a remporté la palme sans conteste avec la cinquantaine bien sonnée, la tignasse au milieu du dos, les tatouages sur l’ensemble du corps et surtout la quête, en fin d’après-midi, de pierres et de bois mort sur la plage pour construire un totem (qui a beaucoup plu à notre KingBoy). N’oublions néanmoins pas Janicette, son maillot de bain à franges et surtout ses dreadlocks remontées sur le crâne pour ne pas les mouiller et qui, pour se protéger du soleil, s’affublait d’une casquette forcément trop petite (because of the dreadlocks), ressemblant plus ainsi à Robert, supporter du tour de France qu’à Bo Derek, sortant de l’eau.
catégorie 4 : je prétends que je lis mais je me moque derrière les pages de mon bouquin… Evidemment la couronne de lauriers est pour moi avec en guest star, le livre de Vincent Piéri, Station Rome, dont le thème pas très riant (tranches de vie d’un SDF à paris) ne pouvait qu’exacerber mes envies de contempler en rigolant mes congénères…