De la Grèce, j’aurais voulu vous parler des Météores, de Delphes,d ‘Olympie ou de Milos mais je n’ai pas trouvé le temps ou parfois même simplement pas eu l’envie de vous raconter une visite parce que finalement si banale pour la plupart des gens qui visitent la Grèce en tant que touristes.
Ma Grèce à moi, elle ne se résume pas aux plages du Pelion, à celles de Paxos, aux versants arides de Kea, à la beauté sauvage du Magne ou au Péloponnèse bucolique aux multiples facettes. La mienne, elle sent le poulpe grillé mangé les pieds dans le sable dans une taverne fréquentée par les gens du coin, sur des chaises dont la paille devient humide sous l’effet des maillots de bain mouillés. La mienne, elle commence à se baigner dès le mois de mai dans des eaux si bleues qu’on en oublierait presque la température glaciale post-hivernale. Ma Grèce voit fleurir dès la fin de l’hiver les amandiers, elle sent la fleur d’oranger au printemps, le jasmin au tout début de l’été et le genêt dans les pentes des montagnes.
Alors oui évidemment, l’Acropole, les Cariatides, Anafiotika, Plaka, Monastiraki, le temple d’Hephaistos mais mon Athènes à moi se descend dans les gradins du Kalimarmaro, se recueille au milieu des statues du 1er cimetière d’Athènes et du Keramikos ou se déambule au fil des rues de Psiri et d’Exarchia ornées d’oeuvres de street-art magnifiques.
D’Athènes, je connais les petits magasins d’épices, le Marché Central qui sent la viande crue, les échoppes qui vendent des tissus ou encore les merceries cavernes d’Ali Baba, les restaurants qui offrent la meilleure vue sur l’Acropole et les petites places cachées au pied des églises. Je sais où sont la haie de Jacarandas qui fleurissent violet au mois de juin, et la caserne des Evzones, le meilleur spot pour voir la relève partir vers la place Syntagma et remplacer les gardes en faction devant le Parlement.
Bien sûr, le javelot ou le frappé de poulpe sur rocher auraient été plus appropriés mais mon sport à la grecque, c’est la base olympique d’aviron de Schinias pour faire des footings à plat au lieu de perdre souffle et dignité dans les collines d’Athènes, c’est le stade OAKA de Maroussi pour y aprendre à faire du vélo à mon petit, c’est le trail dans les pentes d’Hydra, c’est le ski sur les pentes enneigées de Kalavrita et puis le padel du samedi matin, celui où on va rigoler et pas seulement jouer.
Dans ma Grèce, on boit des cafés à toute heure et dès que le soleil pointe, hiver comme été, les terrasses sont pleines. Dans ma Grèce, il y a le marché du mercredi matin et ce papy qui vend des oeufs, ce primeur dont l’étal embaume des herbes aromatiques qu’il vend pour trois fois rien, les fraises mangées avec de la chantilly et de la meringue achetée dans une ancienne fromagerie, les oranges de l’hiver dont on ne se lasse pas. Sur les trottoirs, les mamies se déplacent avec un caddie métallique lorsqu’elles vont faire le plein de légumes et un bocal d’eau bénite lorsqu’elles reviennent de la messe. Il y a celle que j’appelle Brigitte Bardot, toujours en noir avec un chignon moumoute blond du plus bel effet et toutes les élégantes du quartier qui viennent, aussi apprêtées que pour un dîner, acheter les chortas et les fleurs de courgette.
Ma Grèce, elle sent le sable chaud et l’ombre des pins. Elle a la dureté des plages de galets et des falaises qui plongent dans la mer. Elle est le bleu des dômes des églises, celui de l’eau mais aussi celui du ciel d’une luminosité sans pareil.
Je voudrais me la rappeler cette Grèce dans la couleur doré du couchant, au bord de l’eau, sur une table portant les vestiges d’un repas partagé avec des amis chers. Parce que finalement, ce sont eux qui ont façonné la Grèce que j’ai aimée, ceux avec qui j’ai partagé nombre de fous rires, ceux avec lesquels on fait de blagues pourries sur des maillots de bain, ceux qui m’ont embarquée sur un voilier pour découvrir les îles d’un autre point de vue, ceux qui m’ont accompagnée, supportée pendant ces presques trois années. Vous vous reconnaîtrez, vous me manquerez, terriblement. Ce sont aussi ceux qui sont venus nous dire au revoir en nous offrant sous la nuit étoilée, zébrée d’éclairs, une fête inoubliable qui n’a été entachée d’aucuns des orages qui se sont abattus sur la région ce soir-là. De la chance peut-être, un dernier cadeau, c’est sûr. C’est certainement comme cela que cela devait se passer… Bien, très bien… Pour que nos derniers souvenirs soient doux et chauds, comme l’air humide de la plage au coucher du soleil.
A bientôt mes amis, je vous embrasse.
Quelle belle declaration d’amour…et quelle plume !
Elle est belle ta Grèce, Sylvie !
Magnifique et très émouvant !
Trop beau, et tellement vrai .. je te laisse deviner l’état de mes yeux 😉 à très vite
Je reconnais tout..tout… tout ce qui fait de la Grece un endroit ou on ne peut que revenir..si on doit le quitter un jour… mais ca c’est la Grece des touristes et des expats, avec ce qu’elle a de meilleur, comme tout ce qui ne dure pas trop longtemps !!… a bientot Sylvie pour d autres souvenirs de plages, de poulpes grilles et de maillots mouilles !!!
Merci 🙂 bon été
Merci on s’y croirait 🙂 bon été
Magnifique… j’attends la suite sur Lyon !
Merci à tous mes amis d’ici et d’ailleurs, c’est toujours et encore, même au bout de 3 départs, un déchirement de vous quitter et de tout recommencer.
Magnifique ce texte, et du coup je n’en reviens pas que ça fasse déjà trois ans, mais où sont passés tous ces jours ? Je vous souhaite le meilleur, en France si j’ai bien compris, à commencer par un très bel été !